«Mémoires Vives»
De Edward Snowden
aux Editions du Seuil (2019)
Les mémoires d’un lanceur d’alerte
Résumé & extraits
Vue la quantité et l’importance des faits contés et dénoncés le résumé du livre de Snowdon est traité en deux partie :
Première partie : Une vie d’espion
Deuxième partie : L’opinion d’un espion sur son pays & Pour échapper à la surveillance
Note liminaire à propos de cet ouvrage et tout ce qui y est consigné !
Ceci ne constitue pas un scoop et ça concerne les USA, mais il est bon de rappeler ces choses à l’heure où se profile la «nouvelle norme» d’un monde tout numérique et d’une multiplication des mesures de contrôle de la population dans un pays qui imite souvent les USA depuis des décennies et de toute façon en subit l’influence.
Témoignage d’un officier au sein de la CIA qui a travaillé comme sous-traitant pour la NSA. Il a pris le risque de dénoncer, en 2013, le système de surveillance de masse auquel il avait participé. Il vit maintenant en exil.
Snowden est un lanceur d’alerte, mais qu’est-ce qu’un lanceur d’alerte ?
Un lanceur d'alerte est une personne qui révèle des éléments qu'il considère comme menaçants pour l'homme, pour la société ou l'environnement, parfois contre l'avis de sa hiérarchie, dans l'espoir d'y mettre un terme. Il ne vise pas quelqu’un en particulier comme le délateur, mais divulgue des faits qui menacent l'intérêt public
Qui est Edward Snowden, l’auteur de ce ‘pavé dans la mare’
Très succinctement, Edward Joseph Snowden, né le 21 juin 1983 à Elizabeth City, en Caroline du Nord, est un lanceur d'alerte américain. Informaticien, ancien employé de la Central Intelligence Agency (CIA) et de la National Security Agency (NSA), il a révélé l'existence de plusieurs programmes de surveillance de masse américains et britanniques.
Ancien «espion de la Central Intelligence Agency (CIA) et de la National Security Agency (NSA). Première couverture: informaticien (ingénieur système) chez Dell, envoyé d’abord au Japon, puis à Hawaï «pour honorer un nouveau contrat avec la NSA» (en 2009), dans «un tunnel creusé sous un champ d’ananas...devant un terminal qui me donnait un accès quasi illimité aux communications de n’importe qui ayant composé un numéro de téléphone ou pianoté sur un ordinateur. Parmi eux, il y avait les 320 millions d’Américains...quotidiennement épiés, en violation flagrante non seulement de la Constitution américaine mais aussi des valeurs fondamentales de toute société libre.»
Deuxième partie : L’opinion d’un espion américain sur son pays, les USA
& Pour échapper à la surveillance
Personnels concernés
«...ceux qui travaillent dans le secteur public, lequel passe de nos jours pour un gouvernement parallèle. Ces fonctionnaires qui n’ont pas été élus ou désignés sont au service de l’État aussi bien dans les agences indépendantes telles que la CIA, la NSA, l’IRS (impôts) ou le FCC (télécommunications) que dans les divers ministères.»
«Au début des années 2000, Internet... incarnait... un endroit où tous ...étaient égaux, ...où l’on défendait la liberté ...Il n’allait pas tarder à être colonisé par les Etats et les intérêts privés qui cherchaient à le réguler pour accroître leurs pouvoirs et leurs profits…»
«Lorsque j’ai cessé de travailler dans le milieu du renseignement, je ne doutais pas une seconde que le ‘système d’exploitation’ de mon pays, autrement dit son gouvernement, avait décidé qu’il fonctionnait d’autant mieux qu’il était défectueux.»
«Le système constitutionnel fonctionne ...quand les 3 branches agissent comme prévu. Quand les 3 sont en défaut, en plus de manière délibérée et coordonnée, il en résulte une culture de l’impunité. J’avais été naïf de croire que la Cour Suprême, le congrès ou le président Obama ...accepteraient de tenir la communauté des renseignements pour juridiquement responsable ...Ils ont hacké la Constitution.»
Internet, logiciels, processeurs, plateformes WEB, réseaux sociaux … tout est américain
«Il n’y a pas que l’infrastructure d’Internet qui soit essentiellement américaine, il y a aussi les logiciels (Microsoft, Google, Oracle), le hardware (Hewlett Packard, Apple, Dell) et tout le reste, depuis les puces (Intel, Qualcomm), les routeurs et les modems (Cisco, Junper) jusqu’aux services et aux plateformes web qui permettent d’échanger des e-mails, d’aller sur les réseaux sociaux et de stocker des données en ligne (Google, Facebook et Amazon, le dernier étant structurellement le plus important, même si ça ne se voit pas, car il fournit des services de ‘cloud’ au gouvernement américain et à la moitié d’Internet. Ces entreprises font peut-être dans certains cas fabriquer leur matériel en Chine, par exemple, elles n’en demeurent pas moins américaines, donc assujetties à la législation des USA ...elles sont aussi tributaires de décisions politiques américaines secrètes qui détournent la loi et autorisent le pouvoir à surveiller n’importe quel homme, femme ou enfant s’étant déjà servi d’un ordinateur ou d’un téléphone.»
«Le président G.W.Bush avait autorisé la NSA à multiplier les opérations de surveillance...à enregistrer les conversations téléphoniques ...sans mandat par la justice...à intercepter les e-mails entre les USA et les pays étrangers sans mandat...»
De Bush à Obama…
Après le tollé déclenché par les révélations du New York Times, «l’administration Bush avait alors déclaré que ce programme (PSP : Programme de Surveillance du Président) prendrait fin en 2007 mais c’était une vaste blague. Le Congrès a passé les 2 dernières années du mandat de Bush à voter des lois qui justifiaient rétroactivement le PSP...Cette législation, le Protect America Act de 2007, employait délibérément un langage équivoque pour faire croire aux Américains que leurs communications n’étaient pas visées, alors même que la loi élargissait le champ d’application du PSP. La NSA pouvait désormais intercepter les conversations téléphoniques et les e-mails émanant de l’intérieur du pays.»
«...alors que les agissement de la NSA pendant l’ère Bush auraient dû faire l’objet d’une enquête parlementaire... Obama (a) refusé de lancer une telle enquête... signe pour moi que le nouveau président avait décidé de fermer les yeux sur le passé... son administration se contentait de redorer l’image du PSP…»
Un jour en faisant des courses un vendeur lui propose un frigo relié à internet.
«A quoi bon me mettre dans tous mes états concernant la surveillance... par le pouvoir si mes amis, mes voisins, mes concitoyens ne demandaient qu’à inviter les grosses sociétés à épier chez eux... Nous n’avions plus que 5 ans à attendre avant la révolution domotique, avant l’arrivée dans les chambres à coucher des ‘assistants virtuels’ tels qu’Amazon Echo et Google Home...prêts à enregistrer et à transmettre toutes les activités pratiquées à portée, consignant les habitudes et les préférences (sans oublier les fétiches et obsessions) avant qu’elles ne soient converties en algorithmes publicitaires et transformées en cash.»
«La surveillance des grandes entreprises transformait le consommateur en produit qu ‘elles vendaient à des homologues, des courtiers et des annonceurs.»
Parlons « cloud »
Pendant ce temps, toutes les grosses sociétés d’informatiques ...lançaient des versions grand public de ‘cloud’, mode de stockage sophistiqué et ‘gratuit’ ou ‘bon marché’ auquel tout le monde pourrait avoir accès sans se demander pour quelle raison. Je ne crois pas avoir jamais vu auparavant un concept remporter un tel succès. Ce ‘cloud’, Dell le vendait à la CIA ou bien aidait Amazon, Apple et Google à le fournir à leurs utilisateurs… Ce ‘cloud’ n’est autre qu’un dispositif de stockage ...sur une gamme de serveurs différents que diverses sociétés privées sont en droit d’acquérir et de faire fonctionner. Résultat, vos données ...sont contrôlées par des entreprises qui peuvent s’en servir pour n’importe quoi ...et les entreprises du ‘cloud ‘ sont libres de garder ou supprimer les données confiées suivant que ça leur plaît ou non ...données perdues à jamais si l’on n’a pas conservé un double sur notre propre ordinateur ou disque dur ...Si certaines de nos données dérangent... les entreprises du ‘cloud‘ peuvent fermer notre compte et refuser de nous laisser consulter nos données tout en en conservant un double dans leurs archives, qu’il leur est possible de remettre aux autorités sans nous avertir, ni nous demander notre autorisation»
Pour échapper à la surveillance : Le projet TOR
«Le
projet TOR avait été mis au point par l’État et était devenu l’une des
protections les plus efficaces contre la surveillance étatique. Il s’agit
d’un logiciel open source gratuit qui, utilisé avec précaution, permet aux
utilisateurs de naviguer sur Internet de façon anonyme ….Il a été mis à la
disposition du grand public en 2003 ….TOR obéit à un modèle coopératif
communautaire fondé sur le savoir-faire de bénévoles utilisant depuis leur
cave, garage ou grenier, leurs propres serveurs TOR ….Le premier serveur de la
chaîne, le seul qui connaisse vraiment l’origine du trafic ne sait pas vers où
ce trafic se dirige... () le 1er serveur TOR qui vous connecte au
réseau TOR (le portail) ignore ce que
vous voulez voir (ou apprendre) et le
dernier serveur qui reçoit votre requête (la sortie) sait ce qu’on lui demande
mais ignore qui le lui demande...ce système (est) le ‘routage en oignon’, TOR
est l’acronyme de The Onion Router.. Voilà l’ironie du projet : il s’agit
d’une technologie mise au point par les
militaires américains qui facilite et complique en même temps la tâche des
spécialistes du cyber-renseignement ...il protège l’anonymat des membres du
service secret ...de même que tous ceux
qui utilisent ce réseau dans le monde. En ce sens, TOR est plus neutre que la Suisse ...TOR m’a ramené à l’Internet de mon enfance
en me donnant la liberté de ne pas être épié.»
Snowden explique que son «livre a été écrit en utilisant un des logiciels libres open source». Il remercie « le projet Qubes, le projet TOR et la Free Software Foundation.»
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