10 mai 2022

89. Banque mondiale, dette... Comment l'Amérique s'impose - Edouard Ballot - NEXUS

 

La Banque mondiale, 

le coup d’état permanent…

Résumé de l’article d’Edouard Ballot[1] dans Nexus n° 140 de Mai-Juin 2022, article qui cite abondamment le livre d’Eric Toussaint intitulé « Banque mondiale, une histoire critique[2] », éditions Syllepse, déc. 2021

 

La Banque mondiale[3], créée en 1944 à Bretton Woods, aus USA, est en fait « le bras financier de la politique extérieur des USA ».

 

La totale mainmise américaine

 

Ses présidents, toujours américains, sont tous nommés par le président des Etats-Unis.

 

Ses moyens financiers sont issus des grands organismes financiers des USA, qui l’influencent.

 

Le droit de vote des groupes ne dépend pas de la démographie, mais du poids financier de leur pays.

 

L'Hydre américaine sur le monde

 

La Banque mondiale cumule les fonctions de gouverneur financier qui impose réformes et endettement, de prêteur (via le BIRD[4] et l’AID[5]), d’investisseur (par la SFI[6]), d’assureur (par la l’AMGI[7]), et de juge (par le CIRDI[8]).

 

Le monde sous-développé a été placé sous la coupe des institutions financières internationales dont la Banque mondiale d’abord et le FMI, son jumeau et bras droit.

 

La Banque mondiale, censée émanciper le tiers-monde, s’est consacrée en réalité à l’endettement à perpétuité de ce même tiers-monde, créant un nouveau colonialisme politique et économique dont profitent les oligarchies occidentales, des USA essentiellement, puis locales.

 

L’endettement, un cancer économique universel

 

Un endettement abusif a été organisé au nom du développement et à « l’appui de théories économiques qui relèvent de l’imposture ».

 

Le développement à tout prix est « un rouleau compresseur idéologique », appliqué à l’Amérique du Sud, à l’Asie et à l’Afrique.

 

Endettement et asservissement

 

« La Banque Mondiale c’est l’empire des dettes » qui asservit les pays les plus pauvres et les empêchent d’accéder à l’autonomie au mépris des droits humains et de l’environnement.

 

La doctrine économique libérale, résumée dans « le consensus de Washington » pousse à un endettement des pays afin de les maintenir sous le joug économico-politique des créanciers.

 

Un « développement » qui ne profite qu’aux prêteurs et aux élites locales

 

Les pays pauvres sont acculés à une fuite en avant de réformes imposées qui, en fin de compte, les oblige à des remboursements perpétuels d’intérêts de dettes. Les pays endettés sont des débouchés captifs pour les grandes entreprises occidentales.

 

« L’expérience des 75 ans écoulés tend à montrer que les pays pauvres ont fourni davantage de capitaux aux grands pays développés que l’inverse. »

 

En Équateur, par exemple, la pauvreté a augmenté et la disparité entre riches et pauvres s’est accrue du fait des manœuvres de la Banque mondiale. Les réformes imposées ont conduit à des graves destructions de l’environnement, exemple, l’élevage intensif de crevettes a détruit deux tiers de la mangrove qui est une barrière naturelle contre l’océan.

 

Même chose en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, pauvreté et inégalité de revenus ont augmenté, conséquence des pratiques de la BM qui a ainsi joué un rôle dans le « Printemps arabe ». La BM n’aide pas, elle aggrave la pauvreté des pays les plus pauvres sans jamais remettre en question ses erreurs et ses dogmes. Les reformes qu’elle impose détruisent les environnements et les conditions de vie de millions de personnes dans le monde.

 

Un développement ciblée qui enrichit les riches et appauvrit les pauvres.

 

De nombreux états financés par la BM dépensent plus pour le remboursement de leurs dettes que pour la santé de leurs peuples. Exemple : l’état congolais consacre 11,3 % de son budget à la dette contre 4,4% à la santé (en 2020) ; en Tunisie, la dette accapare 25,8 %, les dépenses de santé 14 %.

 

Mais, seul l’Equateur a annulé sa dette après l’élection de Rafael Correa.

 


Plusieurs procédures ont été intentés contre la BM, par exemple les pays Honduriens en 2017, 13 villages de l’Ouest Guinéen en 2019.

 

En 2019, la Cour suprême des USA a levé l’immunité de la BM dans le cadre de ses activités commerciales. Il existe aussi un Comité pour l’abolition des dettes illégitimes, qui s’appelle CADTM : www.cadtme.org

 

A l’appui des oppresseurs

 


La Banque mondiale et le FMI, malgré leur libéralisme, ont soutenu des dictatures pour des raisons d’intérêt géopolitiques ou pour des raisons purement commerciales : le Zaïre de Mobutu, les Philippines de Marcos, l’Indonésie de Suharto, le Brésil dictatorial, le Nicaragua de Somoza, l’Afrique du Sud de l’apartheid, la Roumanie de Ceausescu, la Turquie de la dictature militaire, le Chili de Pinochet, le Tchad d’I. Debay ; même Eltsine, en Russie, a été financé pour installer le camps capitaliste, le Banque Mondiale et le FMI ont aidé des oligarques russes à s’approprier des entreprise publiques. Au Maghreb et au Proche-Orient, le régime Tunisien de Ben Ali, l’Egyptien de Moubarak, etc.

 

Au cours des années 1970-2OO7, le solde total entre prêts et remboursements de dette s’est élevé à 9 milliards  …en faveur de la Banque, alors qu'une telle politique conduisait des populations à la ruine

  

Au Rwanda, des créanciers de la BM sont impliqués dans le génocide. La politique économique de la BM a conduit les petits producteurs et les populations locales à la ruine. En particulier, la dévaluation du franc rwandais a envoyé les producteurs locaux ruinés dans les rangs des milices et de l’armée.

 

Et ce ne sont là que quelques exemples d’une politique destructrice.

 


 



[1] Edouard Ballot est journaliste et écrivain, économiste formation ; il réalise des enquêtes autour de l’économie, de la nature et des sociétés alternatives.

[2] Eric Toussaint, né en 1954 à Namur est un historien belge, porte-parole du réseau international pour l’abolition des « dettes illégitimes.» Dans ce livre, préfacée par Gilbert Achard, il rappelle le contexte dans lequel ont été créés la Banque mondiale et son « jumeau » le FMI. « À travers plusieurs exemples, Éric Toussaint montre comment les décisions de prêts de la Banque mondiale sont largement déterminées par le gouvernement US qui utilise en fait la Banque pour soutenir ceux qu’ils considèrent comme étant de bons partenaires des USA ou pour punir les « mauvais ». Éric Toussaint plaide, outre l’abolition des « dettes odieuses », pour une nouvelle architecture internationale, démocratique et favorable à un développement socialement juste et respectueux de la nature, mais cela ne se fera pas sans que des luttes majeures mettent fin à l’ordre économique mondial actuel » (L’Anticapitaliste : https://lanticapitaliste.org/opinions/culture/banque-mondiale-une-histoire-critique-deric-toussaint).

[3] Pour tout savoir sur cette institution : https://fr.wikipedia.org/wiki/Banque_mondiale

[4] BIRD : Banque Internationale pour la reconstruction et le développement.

[5] AID, IDA, en anglais : Association Internationale de développement.

[6] SFI, en anglais IFC : Société financière internationale

[7] AMGI : Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA)

[8] CIRDI : Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements.

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