29 juin 2022

100. ABSTENTION, DÉMOCRATIE, CITOYENNETÉ - Éric Guéguen et Front Populaire n° 9

 

Abstention et démocratie, un tour d’horizon à l’occasion de la parution de numéro 9 de Front Populaire

Été 2022

 

L’abstention, premier parti de France…


Les résultats du deuxième tour des élections législatives de 2022 a remis à l’ordre du jour l’épineuse question de l’abstention. Avec 54% d’abstention au deuxième tour, elle est loin de passer inaperçue. Elle étonne, irrite, indigne, déçoit… certains l’applaudissent, elle est un droit en France et un délit (mineur) en Belgique. Bref, l’abstention ne laisse plus personne indifférent.

 

 

« Je ne peux d’abord ignorer la forte abstention. Voter est essentiel pour la vie de la nation, pour ses grands choix et, très clairement, ce n’est plus ressenti par tous. » (E. Macron, le 22 juin 2022)

«Pour réduire l'abstention, il faut rendre le pouvoir au peuple par le référendum» (Eric Zemmour, le 22 juin 2022)

 « L’abstention s’apparente au droit de ne pas cautionner et de refuser d’offrir une pleine légitimité au vainqueur, quel qu’il soit. » (Eric Guéguen)

 « Si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit. » (Coluche)

« Je respecte trop la démocratie pour risquer de la dérégler en votant. » (Roland Topor)

«  Voter, c'est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c'est renoncer à sa propre souveraineté. Qu'il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d'une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois, puisqu'ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous faire obéir. » (Elisée  Reclus)

«  L'isoloir planté dans une salle d'école ou de mairie est le symbole de toutes les trahisons que l'individu peut commettre envers les groupes dont il fait partie. » (Jean-Paul Sartre)

«  Il y a deux catégories de personnes qui ne votent pas. D’une part, il y a les personnes qui ne sont pas politisées, qui se sentent dépassées. D’autre part, il y a celles qui sont très politisées et qui ne cautionnent plus la politique. Il vaut quand même mieux être dans la deuxième catégorie et savoir exactement pourquoi on ne va pas au bureau de vote. » (Antoine Buéno)

 

 


Le numéro 9 de la revue FRONT POPULAIRE est consacré à la question de la démocratie et, naturellement, un curieux article y est publié sur l’abstention. Intitulé « Eloge de l’abstention », il est signé Eric Guéguen, ancien dessinateur industriel, corédacteur  de manuels scolaires, il est aussi l’auteur de : "Miroir des peuples, enquête sur l’avenir de la République" (Ed. Prospectives libres) et de « La Justice de l’ordre (Ed. Politea). A propos des élections de 2022 il a signé un essai de circonstance : "Vade-mecum – Petit guide du citoyen désorienté" aux éditions L’esprit du temps.
Son article "Eloge de l’abstention" est résumé plus bas.

 

Front populaire

Sommaire du numéro 9

 

Démocratie, le vrai-faux par Maxime Le Nagard, où l’on apprend, entre autres choses, que non, que R. Hitler n’est pas arrivé au pouvoir suite à une élection démocratique, mais par suite d’une série de combinaisons politiques, toutefois légales

L’état de droit ou l’implosion de la Démocratie, par Ghislain Benehessa. « Jadis au sommet de l’édifice, le peuple n’est plus que le récipiendaire des règles décidées sans lui, par des organes aussi opaques que méconnus »

La Démocratie réelle, c’est la république sociale, par Denis Collin. « La ‘République sociale’ est une république jusqu’au bout, une république égalitaire d’où la domination est exclue. »

La démocratie athénienne : vérités et légendes, entretien avec Michel de Jaeghere

L’Union européenne : le coup d’état permanent de la « technocratie commode », par Olivier Delorme. « Monnet applique une méthode : réduire la démocratie à une forme vidée de toute signification puisque les décisions seront prises par des instances non élues qui savent mieux que les peuples ce qui est bon pour eux. »

Eloge de l’abstention, par Eric Guéguen. Voir ci-dessous.

1983-2022 : l’énarchie contre la démocratie locale, par Régis de Castelnau. « Les collectivités locales françaises n’ont plus les compétences nécessaires à l’exercice d’une souveraineté  politique dans le gestion locale. La déconstruction voulue a porté ses fruits. »

La diabolisation de l’adversaire politique : une impasse pour la démocratie, par Céline Pina. « L’antifascisme électoral érige un mensonge en incontournable du débat public. Pire encore, en filtre qui permet de classer les citoyens en personnes respectables ou en salauds. » « C’est ainsi que pour avoir oser dire la vérité, à savoir que le RN n’était pas un parti fasciste mais rappelait plutôt le gaullisme des années 50 , Marcel Gaucher a été vilipendé  par nombre journalistes et universitaires, alors même qu’il ne faisait qu’œuvre d’exactitude historique. »

Bienvenue chez les Helvètes : splendeurs et misères du modèle suisse, par David L’Epée. « Ce jeu démocratique est constamment dévoyé par la machinerie des partis, l’intervention des lobbies, des divers intérêts corporatifs et la propagande des médias elle-même dépendante des puissances d’argent. » 

La démocratie directe, un idéal sous contrainte, par Pierre Mandon. « Plus d’une quarantaine de pays disposent, au moins théoriquement, de l’initiative populaire et du référendum facultatif, les deux instruments considérés comme donnant le plus de pouvoir aux citoyens. »

« Algocratie », en route vers la servitude numérique, par Renaud Vignes. « Le NEW PUBLIC MANAGEMENT peut s’analyser comme une tentative de dépolitisation, c’est-à-dire comme une entreprise tendant à retirer toute influence idéologique et politique à l’administration. »

Sculpter le peuple : anatomie d’une machine gaulliste, par Michel Onfray. « On le sait, le mot « souverainiste » a été Sali par les tenants de l’Etat maastrichtien qui travaillent à la fin de l’Etat français pour détruire une France souveraine parce qu’ils lui préfèrent une Europe souveraine. »

La démocratie au péril de la démondialisation, par Jacques Sapir. « Oui, on peu dire que la mondialisation a été un redoutable ennemi de la démocratie et de la souveraineté des peuples. »

« Avec le système des parrainages, on a renoncé à la démocratie au nom de la transparence », entretien avec Frédéric Rouvillois

L’avenir de la démocratie dépend de celui du climat, par Antoine Buéno. « Les populismes témoignent de l’extraordinaire plasticité du système de la représentation grâce auquel une oligarchie technocratique peut, du jour au lendemain, être remplacée par une oligarchie démagogique. »

L’illusion de la démocratie participative macronienne, par Bertrand Guyot. « Le démocratie participative macronienne a tout du leurre, vu qu’elle ne correspond à rien qui soit inscrit dans la constitution. »

Démocratie illibérale : à l’Est, du nouveau, entretient avec Max-Erwann Gastineau. « Comme son suffixe l’indique, l il-libéralisme est une réaction au libéralisme, mais il ne prend pas le même sens en fonction des périodes et des contextes nationaux. »

La participation, ou comment rendre les entreprises plus démocratiques, un  entretien avec Lionel Tourtier

« Démocratie », itinéraire d’un mot piégé, par Arnaud Imatz. « La démocratie multiculturelle est chargée de faire régner le politiquement correct, usant s’il le faut, de la contrainte. »

2022-2027 : Le chant du cygne du bloc élitaire, par Barbara Lefebvre. « Hormis les modalités traditionnelles de l’expression politique du peuple souverain, il existe de nouvelles formes d’expression en cours de structuration. »

Le mur de l’argent n’a jamais été aussi élevé, par Georges Kuzmanovic. « De ce système, Emmanuel Macron est le parangon. Passé par le monde de la finance, appuyé par les intérêts privés à un niveau sans précédent, il a appliquéune politique qui a fait s’envoler les profits des patrons et des actionnaires du CAC40. »

Le portfolio de Michel Iturria

Regards sur la démocratie, Franck Lanot

Journal de l’anagramme, par Jacques Perry-Salkow

 


 

*

 « Eloge de l’abstention » 


par Eric Guéguen,  

in Front populaire, n° 9

 

« Pour pouvoir voter, un citoyen doit être inscrit sur les listes électorales, chacun sait cela. Ce que l’on sait moins, et qui découle pourtant de ce que l’on vient de dire, c’est que pour pouvoir s’abstenir il faut aussi être inscrit sur une liste électorale ; le recensement conditionne l’abstention. »

 

 

Eric Guéguen explique son choix de ne pas voter dans un texte très personnel.

 

Il raconte avec humour « son humble parcours d’électeur des 20 dernières années » dans lequel il ne doute pas que d’autres s’y reconnaîtrons.

 

De désillusions en trahisons diverses dont la plus célèbre reste le référendum de 2005 concernant la constitution de L’Europe et dont les résultats furent annulés, il en est arrivé à refuser de voter en 2022 et nous pose cette question : « Notre rôle se limite-t-il donc à élire nos maîtres dès qu’ils sonnent la cloche en faisant la leçon à tous ceux qui refusent de suivre ? »

 

Après des décennies au cours desquels certains nous prédisent tous les 5 ans que « cette fois-ci c’est la bonne » les issues des castings continuent à être soit sous contrôle, soit rectifiés.

 

Pour Guéguen « l’abstention s’apparente au droit de ne pas cautionner et de refuser d’offrir une pleine légitimité au vainqueur quel qu’il soit » car non réellement choisi et élu par défaut ou contre quelqu’un d’autre.

 

Un dessin de clown accompagne cet article de la revue Front populaire N° 9 avec la légende : «  Qui fait le plus de mal à la démocratie ?… L’électeur qui s’abstient ?… Ou le politique qui refuse de poser les vraies questions ?... »

 


 

Pour aller plus loin sur le sujet :

Abstention, vote BLANC, vote nul…

De quoi l'abstention est-elle le signe ?

L’abstention consiste à ne pas participer à une élection ou à des opérations de référendum. Elle traduit soit un désintérêt pour la vie publique, soit un choix politique actif consistant à ne pas se prononcer afin d’exprimer son désaccord. L'augmentation tendancielle de l’abstention semble traduire une crise de la représentation et peut poser la question de la légitimité du pouvoir politique élu avec une faible participation.

Pourquoi un vote peut-il être déclaré "nul" ?

Le vote nul correspond à des bulletins déchirés ou annotés, qui ne peuvent pas être pris en compte dans les résultats de l’élection. Il est parfois difficile d’interpréter le sens d’un vote nul. L’électeur n’a pas forcément souhaité que son vote soit nul (il a cru, par exemple, qu’une mention manuscrite ajoutée n’aurait aucune incidence). Mais il arrive également que l’électeur ait volontairement déposé un bulletin nul pour manifester son opposition aux différents candidats et programmes présentés.

Quel est le sens du vote blanc ?

Le vote blanc consiste à déposer dans l’urne une enveloppe vide ou contenant un bulletin dépourvu de tout nom de candidat (ou de toute indication dans le cas d’un référendum). Ce type de vote indique une volonté de se démarquer du choix proposé par l’élection.

Depuis la loi du 21 février 2014 visant à reconnaître le vote blanc aux élections(nouvelle fenêtre), les bulletins blancs sont décomptés séparément des votes nuls et annexés en tant que tels au procès-verbal dressé par les responsables du bureau de vote. Mais, comme auparavant, ils ne sont pas pris en compte dans le nombre des suffrages exprimés (ensemble des bulletins moins les votes blancs et nuls). L'objectif de la loi est de reconnaître que le vote blanc est un acte citoyen qui se distingue de l’abstention. L'électeur s’étant déplacé jusqu'à son bureau de vote, il exprime une volonté politique de participer au scrutin pour dire son refus de choisir entre les candidats en lice. La prise en compte du vote blanc pourrait permettre de faire reculer le taux d’abstention.

in Vie publique (https://www.vie-publique.fr/fiches/23931-abstention-vote-blanc-et-vote-nul-quelles-differences)

Et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Abstention

 

 

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