06 avril 2021

49.Comprendre les émotions - Luc Nicon

«Comprendre ses émotions.

Identification des peurs inconscientes»

 


Luc NiCON[1]

 

Editions Emotion Forte

 

Dédié « à toutes les personnes qui souffrent émotionnellement, à leur entourage et aux thérapeutes qui tentent de les aider. »

 

« Nos émotions sont faites de sensations physiques. Lorsque ces sensations sont agréables, tout va bien. Lorsque nous nous sentons mal, c'est que nos peurs viennent contrarier nos envies, nos plaisirs. Si ces peurs sont conscientes, nous les prenons en charge et nous les surmontons. Malheureusement, la plupart de nos peurs sont inconscientes. Et ce sont elles qui conditionnent le plus fortement nos relations aux autres et, plus généralement, notre personnalité. Comment repérer ces peurs ? La question est d'autant plus importante que la majorité d'entre elles cessent d'agir dès que nous les identifions. Cette identification se heurte principalement au mode d'exploration que nous adoptons pour aller à leur rencontre. Dans la plupart des cas, c'est intellectuellement que nous tentons de comprendre nos difficultés alors que seules nos sensations peuvent nous conduire directement et avec précision à nos peurs." Cette approche novatrice, à la fois scientifique et philosophique de nos émotions, offre à chacun une meilleure compréhension de son comportement personnel et la possibilité de réparer, par lui-même, la plupart de ses blessures émotionnelles. Elle apporte également une réflexion stimulante aux chercheurs en sciences humaines et un outil simple à intégrer à la pratique quotidienne des éducateurs, des formateurs, du milieu médical et des thérapeutes. Cet ouvrage S'adresse à tous car tous nous avons plus ou moins des problèmes émotionnels qui interfère avec notre capacité de relation et la qualité de notre relationnel » (Quatrième de couverture)

 

L'auteur montre dans cet ouvrage comment identifier ses peurs inconscientes, celles  qui, malgré nous et contre nous,  modifient la qualité de nos relations quelles qu'elles soient.

Cette introspection est  particulièrement utile en ce moment de déstabilisation psychologique due au Covid-19 et au stress auquel nous sommes soumis à cause des décisions et incohérences gouvernementales, qui met la plupart des gens dans des états émotionnels inconfortables voire nuisibles.

 

Luc Nicon est expert en pédagogie de l’apprentissage et en communication comportementale.

Luc Nicon a fait cette recherche sur les émotions pour des raisons pédagogiques : il voulait aider à résoudre des problèmes d’apprentissage incompréhensibles qui résistaient aux diverses approches pédagogiques. Dans cet ouvrage il commence par distinguer les émotions des sentiments.

 

Luc Nicon cite alors quelques émotions, celles de base parmi les 500 répertoriées par J. R.A. Verill : joie, tristesse, peur, colère, surprise, angoisse, dégoût, mépris, intérêt, honte, culpabilité.

 

Ce qu’il nomme émotion se manifeste par une sensation physique particulière, manifestation concrète et descriptible, agréables ou désagréables, différentes d’une personne à une autre pour la même émotion. Ce qu’il nomme sentiment est l’étiquette collée à l’émotion ressentie, c’est le sens donné, intellectuellement, au ressenti. Le type d’association entre le sentiment et l’émotion est personnel et diverge selon les individus.

 

Les nouvelles informations que nous percevons, sont confrontées à l’ensemble de notre vécu et donc aux événements de notre passé, consciemment ou inconsciemment, et provoquent des réactions émotionnelles plaisantes ou déplaisantes selon le souvenir, conscient ou non, conservé des expériences passées.

 

De cette confrontation aux expériences passées, des réactions diverses vont nous rendre serein ou méfiant, à l’aise ou fuyant, inhibé ou agressif. La qualité de nos émotions va conditionner nos actes. Et une émotion est toujours soit agréable, soit désagréable. Quand c’est agréable on ne se pose pas de question. Quand c’est désagréable nous essayons de nous aider en relativisant ou en positivant et souvent cela nous amène à nous poser des questions sur l’origine de ce désagrément.

 

L’auteur pense que c’est souvent impossible de retrouver le traumatisme ou la situation d’origine et de plus pas vraiment nécessaire. Ce qui est efficace, pour lui, c’est d’identifier l’émotion à l’origine de la réaction désagréable ou qui pose problème. Il écrit que la plupart de nos difficultés comportementales physiques ou psychologiques sont générées par nos peurs dont nous n’avons pas forcément conscience. Nos peurs engendrent des souffrances morales et aussi parfois des souffrances physiques.

 

Nous nous focalisons en général sur la gêne produite mais c’est ce qui la produit qu’il faut reconnaître. L’identification de la peur qui provoque un blocage psychologique suffit la plupart du temps à résoudre le problème émotionnel. Il cite divers exemples de résolutions d’un problème après identification de l’émotion responsable de l’inconfort psychologique ou physique.

 

Ensuite il traite essentiellement le sujet de la peur

 

D’où viennent-elles ? D’une expérimentation  malheureuse personnelle ou bien  transmises culturellement par notre famille ou notre société. Souvent les réactions excessives des parents sont en cause. Il relate divers témoignage dans lesquels sont décrit les situations, les comportements et réactions émotionnelles et les types d’inconfort ou de douleurs physiques et à chaque fois une peur ou des peurs sont la cause du ou des problèmes.

 

Il explique comment il procède dans les situations où il cherche à apporter une aide :

En général il utilise sa faculté d’analyse et son imagination. Dans l’analyse il décortique tous les éléments à sa disposition, il répertorie par écrit puis structure mentalement les données récoltées. Parfois il symbolise certains éléments. Il imagine plusieurs scénarios possibles, les compare et choisis le plus cohérent, le plus vraisemblable. En fait « je me laisse imposer la solution », dit-il.

 

Il compte sur son intuition qui finit par lui faire voir ce qu’il faut faire. L’analyse et l’intuition sont toute deux indispensables et complémentaires. Mais pour identifier la peur c’est l’imagination et l’intuition qui font gagner en temps et en efficacité. 

 

Pour répondre à la question « De quoi ai-je peur ? », c’est l’analyse spontanément qui se manifeste d’abord, disséquer, raisonner, intellectualiser pour trouver une réponse logique. Mais les peurs sont irrationnelles et n’obéissent à aucune règle. Donc souvent l’explication intellectuellement acceptable n’est pas l’identification de la peur réelle en cause. Dans l’analyse nous nous coupons de nos émotions qui sont la matière première de la peur. Mais on ne peut pas non plus arrêter de réfléchir pour juste imaginer, c’est pourquoi il faut un certain entraînement et c’est l’objet de TIPI (Technique d’Identification des Peurs Irrationnelles)

 

D’abord il faut accepter l’introspection, à la recherche de ses propres peurs. Puis savoir que nos réactions se répartissent en 4 familles distinctes.

 

Les 4 attitudes qui signalent un état de peur :

 

1- La fuite, le moyen le plus efficace dans beaucoup de situations quand on a peur. Sauf quand on ne sait pas de quoi on a peur.

 

2- L’inhibition, la réaction émotionnelle souvent la moins favorable. (Sauf dans certains cas particuliers où le cerveau déconnecte le système nerveux lorsque la peur ou la douleur est insupportable.) Cet état d’inhibition est le pire pour comprendre le ressenti sans aide extérieure.

 

3- L’agressivité, un exutoire si on est déjà stressé, donc sous l’emprise d’une peur.

 

4- la prise de pouvoir, est une réaction à une peur consciente ou inconsciente, plus que le fait d’une personne volontaire et sûre d’elle. La prise de pouvoir pour se rassurer peut déboucher sur l’épuisement improductif si la peur est inconsciente.

 

L’auteur choisit un même témoignage de comportements face à la peur, pour montrer qu’une même personne, à partir d’une même peur, peut aboutir à des réponses comportementales différentes selon les situations.

 

Il met à part le trac qui donne une sensation de vide, d’absence mais ne stresse pas à la différence de la peur. Le trac arrive quand l’issue d’une situation importante est incertaine. Il met en éveil pour préparer à vivre une situation particulière et disparaît au moment de passer à l’action.

 

Ce sont les souvenirs de mauvaises expériences qui peu à peu réduisent notre envie de choses nouvelles ou nous mettent sur la défensive et nous privent de plaisirs. Mais quand nous sommes en confiance le stress nous laisse en paix. Confrontés à des situations nouvelles nous sommes soit en état de défense, soit en ouverture. Mais que ce soit peur ou plaisir, il est bon de faire le tri même pour les désirs et plaisirs. Car là aussi il peut y avoir confusion entre l’envie et la peur.

 

Parfois l’envie d’une chose cache la peur d’une autre chose. Le compromis, le choix, la passion, l’illusion sont illustrés dans des témoignages qui  montrent que nous pouvons nous leurrer afin d’accepter ce que nos peurs nous obligent à vivre. Pour s’assurer de l’authenticité de nos plaisirs il est nécessaire d’identifier leur source.

 

T.I.P.I. en pratique :

 

Pour identifier ses peurs et ainsi les désamorcer, la difficulté majeure est de ne pas analyser. L’incompatibilité entre la capacité d’analyse et le ressenti oblige à passer par l’imagination. Imaginer c’est voir des images sur son « écran intérieur ». Tout le monde est capable de visualiser.

 

«Si vous ne voyez rien c’est que vous analysez», dit Luc Nicon. Il faut aussi veiller à être le plus détendu possible car le stress amoindrit les facultés intellectuelles et la mémoire.

 

Et la mémoire est le carburant essentiel de l’imagination

 

L’auteur nous propose un exercice d’imagination à condition que l’on soit détendu:

Par exemple penser faire un cadeau à l’un de ses proches. Au lieu de réfléchir à ce qui lui ferait plaisir, en imagination le questionner comme s’il était face à nous. Lui parler, le regarder, l’entendre répondre en le voyant en image. En général sa demande de cadeau est souvent différente de ce que nous lui aurions offert en réfléchissant.

 

Autre exercice pour s’entraîner : laisser une image s’imposer en synthèse de 3 mots choisis au hasard. Par exemple avec les mots « bleu/ aigu/ ridicule.» ll peut venir l’image d’une cantatrice boudinée dans une robe bleu qui s’acharne en vain sur une mélodie aiguë… Ou bien une petite table -robot bleue aux formes agressives se déplaçant maladroitement à l’aide de ses pieds articulés.

 

« Je ne sais pas pourquoi j’imagine cela et je me contente de regarder ces images et de les laisser évoluer, » dit Luc Nicon.

 

Il propose de faire l’expérience des associations : froid/agressif/énorme ; cocasse/rond/léger ; eau/silence/doute ; impatient/vif/fragile ; chance/feu/loin ; cuir/rouge/désert ; rugueux/désert/fier ; silence/chance/fragile…

 

Ensuite s ‘aventurer dans des images plus intimes : les jouets qui nous restent en mémoire ; nos vacances les plus sympa ; notre meilleur ami ; une personne que nous n’apprécions pas ; l’événement qui nous a fait le plus rire ; etc.

Laisser défiler les images sans en censurer aucune.

 

De quoi avez-vous peur ? Si vous êtes détendu et capable de visualisez tote sortes d’images, alors vous êtes prêt pour une première expédition. Choisir une situation parmi les 4 réactions à la peur : vous avez fui, vous avez été agressif, vous avez pris ou tenté de prendre le pouvoir, vous êtes resté inhibé, incapable de réagir.

 

On peut prendre aussi partir d’un malaise ou mal-être mais dans une situation précise, concrète, significative, pour illustrer son ressenti. L’auteur conseille d’opter pour la situation que l’on a le plus envie de désamorcer. Revivez la situation en images et laisser les émotions vous envahir. Se contenter de voir et ressentir.

 

Prendre son temps. Puis se demander de quoi on a peur et laisser venir toutes les images qui s’imposent. C’est le moment le plus difficile, celui de ne pas réfléchir, de ne pas reprendre le contrôle de ce qui se passe dans sa tête. Ne pas censurer ce qui semble stupide ou qui ce qui semble n’avoir  aucun rapport. Puis une image ou un groupe d’images va provoquer une émotion forte, chaleur, tremblement, sanglots. Laissez-vous aller car c’est le signe que la peur est identifiée. A l’instant de la réaction émotionnelle, la peur est vue et peut être nommée, même si on n’en discerne pas l’origine.

 

Si aucun bouleversement physique ne se produit en visualisant les images qui se présentent il faut rechercher une situation de départ similaire mais plus ancienne, remonter jusqu’à la première fois qui revient en mémoire.

 

Si après quelques images c’est le vide dans la tête, incapable de réfléchir et sans plus d’image c’est que vous n’êtes pas prêt à voir votre peur. Sa révélation serait trop perturbante. C’est une protection naturelle. Mais cela n’empêche pas d’aborder d’autres situations et d’autres peurs.

 

Si pas de blocage mais pas de résultat : trop de réflexion ou pas envie de savoir.  Pas envie de se remettre en question ou pas le moment, encore trop fragile ou pas trop gêné par la situation et pas assez motivé

 

Quand la peur est identifiée, il y a 2 options.

 

Deux catégories de peur : celles qui ne correspondent plus à une réalité et celles encore d’actualité.

 

1-Les peurs n’ayant plus de raison d’exister mais qui sont réactivées par des situations rappelant celles du passé (et elles sont majoritaires) : la déprogrammation de la réaction est immédiate.

 

2- les peurs toujours d’actualité (minoritaires):  il faut alors retourner voir ce qui se cache derrière le malaise persistant. Une nouvelle introspection est indispensable sinon c’est le contournement ou l’aménagement tant bien que mal d’une situation désagréable.

 

Une peur identifiée est toujours impliquée dans de nombreuses autres situations. Parfois une seule peur peut concerner presque tous les aspects de la vie.

 

Mais, Faut-il désamorcer toutes les peurs ?

 

Nous avons tout à gagner à aborder le maximum de situations en état de confiance. Confiance en soi qui nous facilite la vie avec soi-même et avec les autres.

 

Luc Nicon avoue être à chaque fois stupéfait par l’efficacité des résultats et l’apaisement apporté à la personne qui vient d’identifier sa peur.

 


Pour aller plus loin on peu consulter une ou plusieurs des conférences et entretiends de Lic Nicon disponibles sur Youtube


 



[1] Luc Nicon est né en 1954. Il est conseil en pédagogie, chercheur et écrivain. Depuis 25 ans, il s’est spécialisé dans la recherche sur l’utilisation pratique de la mémoire inconsciente, notamment dans les processus d’apprentissages. Mais le grand public l’a découvert à travers la publication de ses livres "Tipi" et "Revivre sensoriellement" sur ses découvertes novatrices sur notre fonctionnement émotionnel. « Comprendre ses émotions » est initialementy paru en 2003. Il a également publié Tipi en 2007 et revivre sensoriellement en 2013. (d’après WikiMonde)

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

156. "Une théorie de la connaissance chez Goethe - Rudolf Steiner

  A propos de « Une Théorie de la Connaissance chez Goethe » de Rudolf Steiner   aux Editions Anthroposophiques Romandes, édit...