02 janvier 2022

72.L'Opium des élites - Aquilino Morelle

 

«L‘opium des élites »

Aquilino MORELLE

chez Grasset, 2021

Ou Comment défaire la France sans faire l’Europe démocratique


 

 Extraits résumés et choisis parmi les presque 600 pages du livre :

Avant-propos : Les illusions se succèdent et ...se ressemblent malgré le changement de siècle. Dans les années trente et quarante du XXè siècle des hommes politiques, des gouvernants et une élite intellectuelle succombent à l’illusion d’une Europe fédérale salvatrice. Dans les années 80 c’est l’illusion entretenue par une étiquette socialiste qui amène au pouvoir l’européiste Mitterrand et son fédéralisme clandestin . En 2017 c’est l’illusion d’un « monde nouveau » qui porte l’européiste Macron au pouvoir et sa volonté de continuer l’œuvre de destruction démocratique bien entamée par ces prédécesseurs de gauche et de droite.


L’épisode Covid de 2020/2021 achèvent de révéler combien les gauches d’Europe ont trahi leur électorat désireux de justice sociale. C’est pourquoi la lecture de l’essai du socialiste Aquilino Morelle « L’Opium des Élites » de 2021 ne surprend plus vraiment quand il explique comment des hommes politiques français, étiquetés socialiste, ont participé à « défaire la France sans faire l’Europe », à faire des politiques de libéralisation que la droite n’aurait pas osé faire. En cette fin de 2021, ce sont encore socialistes qui se révèlent parfois plus royaliste que le « monarque » Macron et réclame parfois avant lui les mesures liberticides dignes d’un régime totalitaire.


Dans ce pavé de presque 600 pages, citant ses sources dans de nombreuses note, j’ai extrait des passages concernant  le rôle des dirigeants français des années 1980 dans le déclenchement de la vague mondiale de financiarisation et de libéralisation qui nous mène en 2021 à une France dépolitisée sous la coupe de technocrates européens.


A. Morelle appelle de ses vœux une Europe au service des nations et non une UE dont les dirigeants, non élus, cherchent à faire disparaître les nations, supports de vie démocratique.

 

Aquilino Morelle fut conseiller de Lionel Jospin à Matignon entre 1997 et 2002 et conseiller politique du président François Hollande de mai 2012 à avril 2014. Il est l’auteur de « L‘abdication » (Grasset, 2017)

 

Quatrième de couverture : « Aujourd’hui l’opium des élites est l’européisme... nous avons commencé de défaire la France sans pour autant faire l’Europe démocratique et respectueuse des nations que les peuples attendent. Nous sommes en train de perdre sur les 2 tableaux dans le silence et le déni. »

 

Le printemps 1983 signe le début de la dislocation d’une alliance de classe et la relégation des classes populaires. De 1983 à 2017 le socle électoral de gauche s’est effondré.

 

En mars 1983 Mitterrand escamota le socialisme et érigea l’européisme en idéologie de substitution, trahissant ses promesses d’espérance « ici et maintenant » de 1980. Il quittait ainsi  « ce socialisme qu’il avait enfilé comme un costume de scène….pour retrouver sa vieille maîtresse, celle de ses années de jeunesse...En enclenchant l’engrenage qui aboutirait à « l’Europe de Maastricht », il prenait sa revanche sur Charles de Gaulle et son Europe des Nations ».

 

Les racines du mal viennent de loin, et n’ont rien de noble

 

Son dessein plonge ses racines dans l’idéologie fédéraliste de l’avant guerre qui fut aussi celle de Pétain et du régime de Vichy.

 

La rigueur de 1982 puis l’austérité de 1983 furent conçues par leurs promoteurs Mitterrand et Delors comme des instruments, des étapes vers la construction européenne en donnant des gages à Kohl et Thatcher, en rassurant l’Allemagne et l’Angleterre, pour mener à bien son « forcing européen de 1984-1992 ». Rigueur et austérité que la situation économique de la France ne justifiait absolument pas. Ce que Jacques Delors reconnaîtra en 2004.

 

En réalité il n’y eut pas de « tournant de la rigueur » en mars 1983, car Mitterrand suivit sa route tracée depuis longtemps ; ce qu’il avouera peu avant sa mort : « Quel tournant ? I n’a jamais existé que dans la tête des journalistes...». En 1983  le point final est porté à la partition socialiste .

 

Le ‘tournant’ politique de 1983

 

En fait le tournant de 1983 fut moins libéral que fédéraliste. Tournant pris dans le silence calculé de Mitterrand et le silence de socialistes fascinés par son « sens de l’Histoire », silence de tous ceux qui ne tinrent pas compte du jugement de Napoléon : « L’Histoire est un grand mensonge que personne ne conteste

 

Sans débat national, en cachette, le destin de la France, nation souveraine jusque là, fut prise dans la spirale fédéraliste qui la conduisit vers une entité juridique et politique nouvelle de conception supranationale : l’UE,  entraînée par un Mitterrand qui n’avait pas été élu pour cela.

 

En France, après1983,  les politiques de gauche comme de droite furent les mêmes, définies et décidées ailleurs, à Bruxelles, à Francfort, à Berlin… Au nom de l’Europe, le socialisme fut liquidé par François Mitterrand et Jacques Delors en mars1983 et le gaullisme fut liquidé par Chirac et Juppé en octobre1995.

 

Europe, quelle Europe ?

 

Pour cette Europe construite par Mitterrand avec l’aide de Delors et de quelques autres, la finance fut totalement libéralisée. Et c’est par la construction européenne que le libéralisme mondialisé conquit la planète.

 

« La financiarisation de la planète fut engagée par la nouvelle Europe façonnée par les fédéralistes français à compter de 1983»

Entre globalisation et mondialisation : déification du système le plus libéral qui soit

 

Ce ne sont ni des américains ni des britanniques qui ont inventé la globalisation, ce furent Mitterrand et Delors, étiquetés comme socialistes, mais en vérité, des fédéralistes convaincus.

Ils ont réussi à décrocher la libéralisation des mouvements de capitaux et ainsi enclencher le processus de globalisation financière qui serait rebaptisé, à des fins de propagande, «mondialisation».

 

Ils l’ont fait parce qu’ils  ont considéré que cette libéralisation et cette financiarisation de l’espace économique européen constituait un passage obligé pour relancer le fédéralisme  en Europe. Le traité de Maastricht, préparé par quelques traités précédents, tous voulus par Mitterrand, ont doté l’Europe du « système financier le plus libéral que le monde ait jamais connu… »

 

Le rôle des dirigeants français des années 1980 fut décisif pour le déclenchement de la vague mondiale de financiarisation et de libéralisation. En France comme partout en Europe, la gauche a libéralisé le processus des flux de capitaux plus que la droite n’aurait osé le faire.

 

Coup d’état idéologique mondial et quelques noms principaux et secondaires

 

Ce coup d’état idéologique mondial est relaté par R. Abdelal, professeur de la Harvard Business School, dans « Capital Rules. The Construction of Global Finance », University Press,Cambridge, Massachussett, MA/Londres, GB, 2007. On trouve une synthèse de ce livre dans la revue Critique Internationale, n°28: « Le Consensus de Paris : la France et les règles de la finance mondiale. »

 

Le livre de R. Abdelal est fondé sur l’analyse des faits et documents disponibles mais aussi sur les confidences faites par les principaux acteurs de cette « grande transformation ». Des acteurs principaux comme Mitterrand, Delors, Lamy, Naouri, des secondaires comme Fabius, Beregovoy, etc. et des socialistes qui savaient et ont laissé faire en silence, comme E.Guigou, Quilès, etc.….

 

La destruction de la vie démocratique entamée en 1983 aura aussi pour conséquence la progression et le succès du Front National. Mais la défense de l’identité nationale, un des thèmes du Front National, n’est pas le fait que d’extrémistes racistes et fascistes et a le soutien d’une partie importante des Français qui ne veulent pas de la dissolution de leur communauté dans une Europe contraignante, incertaine, sous la coupe de l’hégémonique Allemagne à l’extérieur et colonisée à l’intérieur par des communautés hostiles à leur civilisation.

 

Le Grand Schisme installé fut celui du peuple sans la gauche et de la gauche sans le peuple qui ne se bat plus pour la justice sociale et se contente de faire des sermons : « la gauche sans le peuple c’est le moralisme. Et le peuple sans la gauche c’est le populisme » qui risque de s’égarer dans le ressentiment. 

 

Et François Hollande ?

 

Le quinquennat de Hollande fut la phase ultime de ce processus de décomposition politique et morale. Hollande, avec cynisme, résume son bilan politique désastreux par ces mots : « Perdre les ouvriers ce n’est pas grave.» (aveu recueilli par Cécile Amar dans Jusqu’ici tout va mal, Grasset 2014)

 

A gauche comme à droite l’écart béant entre discours de campagne et politiques effectivement conduites et les mensonges des partis anciens, permirent à un homme déterminé et pressé de se frayer un chemin vers la conquête du pouvoir : E. Macron

 

De Hollande à Macron, une ligne directe vers le mondialisme

 

Macron, grand séducteur, avait promis changement, participation des citoyens, renouvellement de la politique et avec En Marche: « refondation de notre vie politique au service de la transformation de notre pays » (Richard Ferrand le 11 mai 2017 à l’occasion de l’annonce d’une liste de candidats LREM aux législatives).

Cette promesse ne fut « qu’une illusion, un nuage sans la moindre consistance »

Macron, libéral et européiste déclaré, serait une sorte de «Tony Blair français» : même pragmatisme, même autoritarisme de gueule d’ange et cœur de bête, même obsession d’une communication contrôlée, à la fois populiste éclairé et despotique avec les siens, même talent dans la conquête du pouvoir, même condescendance pour l’Ancien Monde, même façons de disqualifier l’adversaire et non d’éclairer le débat, même désir d’un parti dépassant les clivages habituels, un parti «attrape-tout», même recherche d’un centre hégémonique et radical, même dessein d’adaptation du pays au mondialisme quitte à aggraver la décomposition démocratique en cours depuis 35 ans.

 

Du « Livre Blanc » de Rocard à la réforme « systémique » de Macron en passant par Juppé et son « plan », une même obsession partagée par ces 3 inspecteurs des Finances, transcendant les clivages partisans traditionnels, une visée européiste identique; une résistance égale, aussi, celle d’un peuple qui ne veut pas passer sous la toise.

 

Un coup d’état tapis rouge pour les multinationales et la rentabilité « globale »

 

Avant ce coup d’état idéologique mené par des «socialistes» français, les multinationales, souvent américaines, adaptaient leurs marchandises aux particularités locales. Maintenant elles agissent à un seul niveau : «global» pour un marché mondial unique, un marché «global» supplantant la variété des marchés nationaux. La loi de la rentabilité maximale, accompagnant la financiarisation débridée par la volonté fédérale de Mitterrand et Delors, provoque une nouvelle division internationale des processus de production et du travail, entraînant l’accroissement des délocalisations et du chômage pour l’Occident. (Traités des vannées 1980 et 90)

 

Cette globalisation est à bien distinguer de la mondialisation.

La mondialisation (qui n’est pas le mondialisme actuel) est un phénomène ancien, aussi vieux que l’humanité, à distinguer de la globalisation qui représente le capital affranchi du cadre national avec ses entreprises géantes et surpuissantes car «globales» et devenues libres de produire là où leur intérêt financier les poussent. Cette globalisation a donné naissance à un monde unifié soumis aux lois de la finance et à l’homo œconomicus dont la vie même est également sous l’emprise économique et financière.

 

Le système maastrichtien est « un dispositif autocratique qui dispose de l’argent, donc des médias, donc de l’opinion.» (Michel Onfray) au service d’une idéologie libérale et supranationale.

 

Le pourquoi de l’Euro

 

Le choix de la monnaie unique, Euro, qui profite à l’Allemagne et désavantage la plupart des pays dont la France, est aussi un choix déterminé par l’idéologie fédéraliste, l’idéologie européiste d’une Union européenne se substituant aux nations et non par le contexte géopolitique de la réunification comme il est prétendu aujourd’hui. Ce fédéralisme monétaire n’a pas été précédé d’un fédéralisme économique comme la logique l’aurait voulu et il n’a donné naissance ni à un fédéralisme politique ni à un peuple européen. Certaines composantes de l’Europe sont fédérales (banque, Justice,…) mais les peuples européens refusent d’avancer vers plus de fédéralisme ce qui fait que l’Europe est bancale avec une zone monétaire sans budget ni fiscalité communes, donc instable.

 

Le fédéralisme clandestin et précipité de Mitterrand sans fondement humain ni politique et  le système maastrichtien ont produit une autonomisation de l’Union Européenne par rapport aux nations européennes, ce qui est illégitime. L’emprise illégitime de plus en plus forte de l’UE sur les nations a créé une zone de basse pression économique et d’austérité budgétaire pour respecter les fameux « critères de convergence » économiques et financiers du traité de Maastricht avec ses normes comptables qui limitent les souveraineté des nations européennes. Le critère de limitation du déficit à 3 % du PIB, l’élément fort des politiques de rigueur, fut proposé par Mitterrand.

 

D’un mot de Philippe Séguin…

 

Ph. Seguin, contre l’adoption du traité de Maastricht en 1992 et interpellant Mitterrand, responsable de la dérive fédéraliste,  dit : « 1992 est littéralement, l’anti-1789. Beau cadeau...(à) cette république qu’ils encensent dans leurs discours et ruinent dans leurs actes ! »

P. Manent  relève : L’Europe « a profondément changé de sensL’instrument se détacha des corps politiques nationaux... (pour aboutir) à une finalité sans fin.» Et sans limite car le système maastrichtien se caractérise par une fuite en avant vers un élargissement de l’Europe sans raison : européisme et mondialisme ont partie liée.

 

…à la trahison du Traité de Lisbonne perpétré par la gauche et la droite réunies !

 

La fédéralisation de l’UE fut stoppée par le rejet en Mai 2005 par les Français et les Néerlandais mais laissa en l’état le système de Maastricht, dans lequel le clivage gauche / droite perd son sens. Le traité de Lisbonne voulu par Sarkozy et adopté grâce au soutien de Hollande fut un déni démocratique, un déni de la souveraineté du peuple par la « gauche » et la « droite » réunies.

 

Ce clivage gauche / droite est remplacé par les gens « de partout » et les gens de « quelque part ».  Ceux-ci ont une identité fondée sur l’appartenance à un groupe et un territoire donnés et dont les repères sont peu à peu effacés par la mondialisation libérale. Les «  gens de partout » dont la réussite professionnelle les rend favorables à la globalisation, bien que moins nombreux, exercent une influence prédominante dans la société qui est sans rapport avec leur poids démographique mais qui est due à leur situation sociale privilégiée. Ils sont culturellement tolérants et même obsédés par toute forme de discrimination mais politiquement ils sont intolérants et considèrent la nation comme ringarde et dangereuse.

 

Le macronisme : un conglomérat de puissants

 

Autour de Macron se sont regroupés les bourgeois de la droite éclairée et ceux de la gauche modérée, pénétrés du même conformisme, moralisant sur le plan culturel, intolérant sur le plan politique. Cette bourgeoisie partisane du macronisme est une figure de la dépolitisation de la France. Elle veut juste continuer à jouir de son existence douce et agréable, elle est donc  pour l’immobilisme.

 

En 2017 ce fut un vote de classe, celui d’un bloc bourgeois, des gagnants de la mondialisation néolibérale, qui nous a porté Macron à la présidence.  Un bloc européiste qui ne représente pas une base sociale large mais un petit groupe soudé par leur idéologie et leur confort, uniquement soucieux d’efficacité gestionnaire de leurs avantages.

 

La disqualification de la politique avec ses tensions, ses conflits d’idées, ses débats, etc., a trouvé sa traduction sur le plan gouvernemental par le choix des ministres dans les viviers de la haute administration et de la société civile : des directeurs administratifs, des technocrates dépourvus de toute surface politique, l’idéal-type d’un gouvernement de techniciens dont rêve la Commission Européenne pour chaque capitale du continent.

 

Promis par Macron le « Nouveau monde  n’est qu’une astuce de vieille communication »

 

Ce n’est pas Macron qui va changer le fait que la France est devenue  ce pays où les élections débouchent sur le même conformisme politique, celui de la « pensée unique » soutenant qu’une seule politique est possible, celle dictée par les marchés financiers et la Commission Européenne. Assimilées à un même mensonge, la gauche et la droite devenues interchangeables, connaissent un rejet profond et notre vie démocratique se défait sous nos yeux. Les partis, les élites dirigeantes ont abdiqué, résignés devant le  chômage de masse et la dépossession planifiée des nations, ce qui provoque le rejet croissant de l’Europe par le peuple.

 

Macron qui a proclamé sa conviction européiste poursuit l’œuvre de destruction de la nation France commencée avec Mitterrand. Avec « une gueule d’ange mais un cœur de saurien » il ne fait pas dans la dentelle et accélère le dévoiement de notre vie politique et sociale au profit des « ultra-riches », au profit d’une petite élite arrogante et moralisatrice. Aujourd’hui le paysage politique national ressemble à une jungle sous les yeux certainement satisfait de notre monarque républicain qui persévère dans la destruction de notre vie politique entraînant une fragmentation sociale lourde de menaces.

 

Du bilan de Macron : injustice fiscale, injustice sociale, injustice territoriale au « génie de l’Europe : les diverses culture nationales participant à « une figure spirituelle supérieure, celle de l’Europe »,  un abîme

 

Les européistes fédéralistes ne veulent pas comprendre que ce qui fait l’Europe c’est sa civilisation. L’Europe trouve son unité de civilisation dans et par la diversité de ses nations, une diversité exceptionnelle, d’une richesse et d’une profondeur  sans équivalent sur un territoire aussi limité.

 

La civilisation européenne repose sur ses sommets de l’art et de la pensée, sur des artistes, des philosophes, des scientifiques, génies divers, fiertés légitimes des nations européennes, et sur leurs ancêtres grecs et latins. Les diverses culture nationales participent à « une figure spirituelle supérieure, celle de l’Europe », crée au Moyen Age. L’Europe existait avant les nations mais ce sont les nations qui lui ont donné son plein rayonnement.

 

« Le génie de l’Europe ? Transcender les génies nationaux qui la composent sans les altérer. »

Dans les traités actuels inspirés par l’idéologie libérale et fédéraliste il n’y a aucun article sur l’art, pas une ligne pour protéger la culture ou considérer la place de l’art, les questions culturelles et sociales sont inexistantes. 

 

Genèse d’un européisme borné : un congloméré improbable

 

A. Morelle décrit clairement comment est né cet européisme dit « progressiste » dans l’aveuglement des années trente, comment se sont côtoyés dans le même espoir pan-européen , dans la même obsession européiste, des fascistes authentiques, des opportunistes avérés, comme Jean Monnet et des idéalistes parfois généreux et désintéressés. De nombreux intellectuels français connus sont cités, écrivains, poètes, philosophes, qui s’illusionnèrent sur les mérites fédératifs du IIIème Reich d’Hitler.

 

Il est rappelé  que la construction européenne fédéraliste ne plonge pas ses racines dans la résistance mais au contraire dans la collaboration avec l’Allemagne nazie d’abord puis dans la peur de l’URSS ensuite. Le projet communautaire originel des années 40 en France est celui du Maréchal Pétain, projet ensuite porté par La Fédération, un mouvement fédéraliste d’après-guerre, largement financé par le CNPF, dans lequel on retrouve des fondateurs d’Ordre Nouveau et dans le comité directeur de laquelle siège un certain François Mitterrand.

 

De Jean Monet : un affairiste opportuniste fanatique au projet de l’Empire européiste

 

Morelle décrit aussi  le rôle de Jean Monnet, personnage louche et fanatique de l’Europe fédérale qui commença la stratégie de l’engrenage, reprise ensuite par J. Delors et qui consiste à prendre une mesure qui en appelle une autre, sorte de forcing pour construire un édifice juridique et institutionnel européen, une Europe sans les peuples d’abord puis contre la démocratie ensuite.

 

Dans le débat des élections européennes de 2019 deux responsables politiques se prononcent pour la formule de  l’empire européen avec sa bureaucratie impériale (la CE), son gouvernement par le droit (règlements et directives), son joug (l’euro) et son intransigeance à l’égard des peuples (voir la Grèce), ce sont le français Bruno Le Maire et le belge  Guy Verhofstadt. Perspective impériale également soutenue par « notre européiste en chef Bernard-Henri Lévy ». Tout empire règne en imposant « le minimum de diversité sur l’espace maximal. » Un empire européen signerait la fin de l’Europe, en serait la négation même.

 

Non, le nationalisme bien conçu n’est pas la guerre

 


Bien que Mitterrand nous ait rabâché que « le nationalisme c’est la guerre » il faut admettre que la guerre n‘a pas attendu les nations ni le nationalisme pour exister. Les nations démocratiques ne se font pas la guerre entre elles, elles n’entrent en conflit qu’avec des régimes non démocratiques. C’est une loi historique avérée.

 

La seule guerre nationaliste fut celle brève de 1870,  voulue par Bismarck (unification de l’Allemagne) et quelques bellicistes français ; ce fut un affrontement d’orgueils nationaux qui se termina rapidement en Janvier 1871. La première guerre mondiale fut un affrontement d’empires coloniaux, un conflit entre six empires.

 

La seconde guerre mondiale fut provoquée par le nazisme, une idéologie raciste et eugéniste que l’on ne peut pas réduire à sa dimension nationaliste. L’Allemagne nazie s’est imposée aux autres nations comme un État impérial.

 

Le nationalisme n’est pas assimilable à l’hégémonie, c’est essentiellement un principe politique. Le nationalisme outrancier, agressif et dangereux est une caricature, un cas particulier dévoyé par une passion idéologique. Et les atrocités nazies ont été abusivement imputées au seul nationalisme allemand. Ce postulat abusif, illégitime, est devenu prépondérant en Occident, entraînant une condamnation de la nation et du nationalisme. Rien ne condamne au chauvinisme et à l’égoïsme.  C’est la doxa contemporaine qui fait du nationalisme un danger systématique.          

 

Éloge du national bien compris

 

La nation permet l’exercice concret, effectif, quotidien et partagé de la démocratie. C’est dans et par la nation que l’individu accède à la citoyenneté.  La nation  permet le mieux de lutter contre la fragmentation identitaire et le communautarisme. Au XIX è siècle le mouvement des nationalités fut compris et accueilli par tous les peuples d’Europe comme une promesse de libération. Le nationalisme bien compris, rationnel, est au fondement de l’internationalisme. Il respecte les autres nationalismes.

 

L’internationalisme signifie la coopération fructueuse entre nations et non leur disparition.

 

Renoncer à la religion séculière de l’européisme, à sa croyance fédéraliste, permettrait de retrouver une véritable Europe des nations respectant la souveraineté de chaque peuple, de chaque pays européen. Ce serait également sauver l’Europe réelle, la civilisation européenne.

«Le temps est venu de  respecter les nations européennes et de protéger ainsi notre civilisation... de se parler entre Européens comme des Européens. »

 

Où l’hyper-globalisation instituée par l’Europe actuelle nous conduit

 

L’hyper-globalisation instituée par l’Europe actuelle, visage contemporain du capitalisme  a autorisé la souillure de la planète, la dégradation de ses paysages, à  provoqué des désastres écologiques et sociaux. L’euro-globalisation et même la franco-globalisation  nous a amené à la fragilité actuelle de notre société française et de beaucoup de sociétés européennes. Elle prive de sécurité et de stabilité. Elle est synonyme d’hyper-pollution, d’aggravation des inégalités sociales et maintenant d’hyper-dépendance à la Chine.

 

La naïveté des globalisateurs européistes, nous a aussi fait entrer un nouveau danger dans la zone Europe, la Chine, en la faisant entrer dans l’OMC en 2001 sans lui demander de contrepartie. Une Chine hostile à l’Occident et à ses valeurs et bien décidée  à lui imposer les siennes.

 


L’européisme face au Coronavirus

 

La crise du coronavirus rend encore plus cruel, inégalitaire  et violent notre monde. L’Europe des fédéralistes européistes ne nous a ni protégé ni aidé sur ce coup. Nous avons perdu sur tous les plans : social, économique, culturel, celui des libertés, etc.

 

Aquilino Morelle nous explique pourquoi sans peuple européen il ne peut pas y avoir ni souveraineté européenne, ni puissance européenne. Il ne souhaite pas que la France sorte de l’UE mais appelle à une véritable coopération des nations au sein d’une union européenne respectant les souverainetés des nations européennes.

 

Le Conseil européen composé des chefs d’états ou de gouvernement, représentants élus des peuples, donc institution reconnue par les citoyens européens, détient la légitimité pour prendre des décisions stratégiques, ce qui n’est pas le cas de la Commission Européenne qui devrait rester en retrait.

 

Pour une Europe qui respecte les particularités nationales

 

Morelle appelle à une Europe qui ne gomme pas les identités nationales et dans laquelle une véritable coopération entre nations se manifeste. Et que la monnaie unique soit gérée de façon nationale pour aller vers un système de monnaie commune à usage externe avec des subdivisions nationales ajustables aux caractéristiques économiques et sociales des pays membres.

 

« Il est temps de créer un esprit européen et de ne plus se satisfaire d’une gestion communautaire » irréaliste, de passer de « l’harmonisation » par des règles à la véritable harmonie qui naît lorsque les tensions, contradictions  ou conflits sont acceptées et dépassées.

« Le projet européen est intrinsèquement un conflit et le moyen d’y répondre »

 

L’État fédéral européen est une dangereuse chimère qui empêche « la réalisation d’une véritable union, réaliste, féconde, démocratique et durable entre les peuples d’Europe. »

 

Le  fédéralisme clandestin s’est fait dans le dos des peuples sans leur assentiment. L’union n’est pas le fédéralisme. Maintenant il est indispensable d’« élaborer une formule politique et juridique qui permette aux États-nations de conserver leur souveraineté, tout en leur donnant les moyens d’agir ensemble, afin de protéger leur civilisation...L’Europe ne peut se construire ni sans, ni contre les nations. »

 

La politique unique imposée par la globalisation qui dicte sa loi aux gouvernements des États européens détourne les citoyens des urnes (A quoi bon voter ?) et favorise l’essor du RN après celui du FN.

 

Se concerter, apprendre à vivre ensemble peut mener vers une confédération dans laquelle  certaines compétences sont mises en commun, tout en restant indépendants pour tout  le reste et en garder ainsi originalité et liberté. Ce serait aller vers une Europe au service des nations au lieu de cette Europe actuelle, cherchant à dépasser, à court-circuiter les nations, qui nous a entraîné vers une mondialisation ultralibérale débridée et destructrice et qui, maintenant, nous pousse vers une gouvernance mondiale de type totalitaire.

 

 

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