09 septembre 2022

114. « Le Divin Marché - La révolution culturelle libérale » - Dany-Robert DUFOUR

 « Le Divin Marché - La révolution culturelle libérale » 



Dany-Robert DUFOUR

chez Denoël, 2007

 

Avant-lire

Par quels mécanismes politiques et économiques on en est arrivé à une situation où, sur cette planète, trois cents individus possèdent ensemble un patrimoine égal à celui de trois milliards de leurs semblables ? (D.-R. Dufour)

 

Le livre ici partagé est un essai philosophique sur le marché mondial. Il a été publié chez Denoël par Dany-Robert Dufour en 2007. C’est encore un ouvrage incidemment trouvé à la bouquinerie de Bagnères–de-Bigorre, qui, on le voit, enferme bien des trésors...

 

L’essai du philosophe Denis-Robert Dufour (de 2007 donc) reste d’une grande actualité en 2021, et explique l’absence de réaction de tous les partis politiques face à la tyrannie actuelle. A part des voix isolées de gauche ou de droite aucun parti politique institutionnel, de l’extrême gauche à l’extrême droite, ni ne conteste le totalitarisme naissant ni n’informe la population de ce qui se passe réellement.

 

A part quelques voix isolées, l’élite intellectuelle, artistique, scientifique ou philosophique, dans son ensemble, reste plutôt silencieuse et semble gober passivement la propagande gouvernementale, voire, à en croire certaines, collabore parfois activement à la désinformation.

 

Dans ce même blog, de ce même auteur (bien que sous le  pseudonyme de Démosthène, un ouvrage a déjà été résumé dans l’article n° 39. « Connaissez-vous M. Emmanuel Macron ? Le Code Jupiter par Démosthène” et il était consacré à la ‘macronie’ et à E. Macron. Il porte comme sous-titre “Philosophie de la ruse et de la démence”. Il est édifient.  Comme édifiant est ce nouvel essai consacré, lui, au “divin marché”, cette nouvelle ‘religion’ du monde moderne.

 

« Le Divin Marché »

 

L’auteur rappelle encore, comme dans le « Code Jupiter » (voir dans ce même blog – art. 39. Emmanuel Macron : Le Code Jupiter), le rôle de la philosophie du médecin Bernard de Mandeville qui scandalisa au XVIIIème siècle et qui maintenant est la morale mondiale du libéralisme.

 

« Les vices des hommes dans l’humanité dépravées peuvent être utilisés à l’avantage de la société civile et on peut leur faire tenir la place des vertus morales

 


Dany-Robert Dufour décrit comment nos sociétés modernes se croyant libres, débarrassées de différents formes de religion, suivent les instructions en fait d’un nouveau dogme, celui du « libéralisme » et sont entrées dans une nouvelle forme d’aliénation.

 

La dérégulation libérale produit des effets dans tous les domaines, effets constatés de façon éparse par les sociologues, les historiens, les politologues, les théoriciens de l’art, les psychanalystes, etc. Ils observent des changements dans le psychisme des individus, dans les usages langagiers, dans le nouveau rapport à la religion, dans l’art s’égarant en futilités égotiques, dans la façon de faire de la politique, dans les institutions classiques, famille et école, qui ne socialisent plus, etc.

 

Mais ces savants aveugles débitent des discours cacophoniques sans corréler leurs constats aux changements de l’économie libérale… Il faut nommer la bête qui apparaît aujourd’hui dans notre civilisation.

 

L’auteur propose avec ce livre de nous plonger dans un bain philosophique roboratif. D’autant plus urgent que ces changements affectent ce sur quoi la philosophe repose : le Logos et la Cité... Le devoir du philosophe serait alors... de nommer l’innommable et d’avertir ses congénères afin qu’ils prennent les dispositions nécessaire.

 

L’auteur cite Valéry qui a évoqué la mort des civilisations englouties avec leurs valeurs et leurs sciences. 

C’est précisément cette possible catastrophe annoncée par  certaines sentinelles aux yeux bien ouverts postées aux abords de notre village d’aveugles qui nous guette

 

En fait de bête, ce serait plutôt un, voire des troupeaux d’individus qui se présenteraient aujourd’hui. Des troupeaux bruyants, incultes, barbares, libérés de toutes règles, désinhibées, post-névrotiques, bien décidés à piétiner toutes les plates-bandes de la civilisation sur leur passage. Particularité de ces troupeaux : chacun de ses membres se croit libre alors qu’il est télécommandé, conduit par une puissante et invisible main de fer...Tous devenus les petits et grands soldats d’une puissante force dont ils ignorent presque toujours les tenants et les aboutissants et qu’il nous faudra...identifier.

 

Quel est le nouveau dieu de ces troupeaux d’individus qui se croient libres ? 

Après la religion nazie, la religion marxiste, une nouvelle religion, celle du Marché, est installée avec une nouvelle divinité qui nous laisse la bride sur le cou : le laisser faire remplace la régulation morale. Le Divin Marché ordonne de jouir !

 

L’auteur énumère les 10 bonnes raisons de se poser la question de la progression rapide de ces troupeaux conduits par une main devant être rendue visible et prévisible, à mesure que nos républiques se transforment en démocraties de marché.

 

Les 10 commandements de la nouvelle religion constituent les 10 chapitres du livre :

 

1- Le rapport à soi: Tu te laisseras conduire par l’égoïsme !

2- Le rapport à l’autre : Tu utiliseras l’autre comme un moyen pour parvenir à tes fins !

3- Le rapport à l’Autre : Tu pourras vénérer toutes les idoles de ton choix pourvu que tu adores le dieu suprême, le Marché !

4- Le rapport au transcendantal : Tu ne fabriqueras pas de « Kant-à-soi » visant à te soustraire à la mise en troupeau !

5- Le rapport au politique : Tu combattras tout gouvernement et tu prôneras la bonne gouvernance ! (La société civile contre l’État)

6- Le rapport au savoir : Tu offenseras tout maître en position de t’éduquer !

7- Le rapport à la langue : Tu ignoreras la grammaire et tu barbariseras le vocabulaire !

8- Le rapport à la loi : Tu violeras les lois sans te faire prendre !

9- Le rapport à l’art : Tu enfonceras indéfiniment la porte déjà ouverte par Duchamp !

(Comédie de la fausse subversion)

10- Le rapport à l’inconscient : Tu libéreras tes pulsions et tu chercheras une jouissance sans limite !

 

Ces 10 chapitres sont développés par l’auteur au long de 320 pages avec leurs manifestations et conséquences individuelles, sociales, politiques.

 


En conclusion il distingue les divers troupeaux égo-grégaires : les troupeaux de consommateurs, des « innocents » déchus de l’accès à la pensée critique... en guerre contre la grande culture qui sont à la fois massacrés et massacreurs de pans entiers de culture, qu’il faut entendre mais ne pas laisser faire, les troupeaux de grands calculateurs hédonistes, affranchis des lois…

 

Après l’exploitation à outrance de la pulsion... (qui) détruit le sujet qui en est la source… la prolétarisation à outrance du consommateur...le libéralisme débridé commence à se trouver dans une situation de crise à laquelle il convient d’être attentif car un reflux de son déferlement redevient possible. C’est pourquoi il est indispensable de disposer d’un cadre unifié pour penser les champs divers où cette crise se déploie (économique, politique, psychique, symbolique et sémiotique).

 

Dans un précédent livre : On achève bien les hommes, Dany-Robert Dufour signale qu’il y montrait que l’effondrement symbolique actuel, combiné à la course à l’innovation technologique propre au capitalisme ne pouvait déboucher que sur un projet : celui d’une recréation de la nature et de l’homme,  projet insensé, fondé sur une folie rationnelle qui prête à la technologie la possibilité de tout résoudre... y compris ce que la technologie elle-même a détruit.

 

Il souligne la surdité de ce marché aux dangers écologiques imminents et son oubli du réel.

Il signale également qu’en Europe, et en France, en particulier... la mouvance d’extrême gauche, dite antilibérale, a été, dès les années 60... un puissant vecteur des idées libérales dans toutes les institutions et en particulier dans les institutions éducatives... La déconstruction de ces institutions, menées entre autres par Michel Foucault en France et Erving Goffman aux USA, s’est muée en volonté de destruction de ces institutions.

 

On se souvient de 1968 pour ses révoltes... On sait moins que 1968 fut le début d’un changement fondamental survenu dans le mode de régulation du capitalisme. Et on sait encore moins que les 2 événements se sont croisés… La désinstitutionalisation... a finit par toucher... toutes les grandes économies humaines.

 

Nous avons un symbole fort de cette rencontre historique entre « critique artiste » d’inspiration libertaire et dérégulation libérale : le programme de  désinstitutionalisation de Goffman, paru en France en 1968 dans Asiles, mis en place en 1966 par R. Reagan en Californie où on expérimentait alors les premiers réseaux informatiques. Une sorte de mariage contre nature fut alors consommé entre cette gauche artiste et cette ultra droite libérale qui a enfanté d’inquiétantes créatures…

 

Les héritiers de cette gauche entretiennent une totale cécité critique sur son passé et se trouvent dans l’incapacité de prendre la mesure de leurs responsabilités dans la destruction des institutions qu’ils ont prônée, ce qui est aujourd’hui le meilleur vecteur de l’extension du programme libéral.

 

Pas de contre-feu de la part d’une gauche politique à l’irruption libérale-libertaire et le besoin de débouché électoral de l’ancienne « critique artistique »ont entraîné la gauche politique depuis les années 80 à laisser tomber de plus en plus le modèle républicain et les tentatives de régulation de l’économie du gaullisme pour devenir une gauche molle, postmoderne, laxiste, sociale-libérale affirmant tout et son contraire.

 

Quant à ce qui reste du communisme... évincé de l’histoire ce n’était qu’un produit dérivé de l’économisme qui avait rejeté... le marché et l’avait remplacé par la coercition permanente.

Dans ces conditions il ne reste à la droite libérale déclarée qu’à passer de temps en temps au pouvoir pour parfaire l’œuvre si bien menée par d’autres. Le plus souvent il lui suffit d’agir dans l’ombre par ses « thinks tanks », par ses nombreux relais dans l’opinion et autres groupes de pression... Une droite qui tente de masquer son libéralisme sous une couche de populisme s’efforçant de ressembler à du républicanisme.

 

C’est probablement ce grand jeu de dupes qui explique que plane sur les populations déboussolées un étrange sentiment de confusion, de résignation et de colère. Mais tout n’est pas perdu, tous n’ont pas renoncé... de plus en plus de voix venant de gauche, du centre, de la droite classique ou de nulle part en appellent à un sursaut... On sent  dans le peuple un désir de comprendre ce qui arrive et une volonté de résister aux dérives égo-grégaires produites par l’extension du modèle libéral...pour penser plus et dépenser moins.

 

Pour l’auteur il s’agit non pas de se débarrasser entièrement  du libéralisme qui a permis des libertés individuelles et une élévation du niveau de vie, mais de se débarrasser de ses effets pervers envahissants qui tiennent à la croyance que les intérêts égoïstes privés peuvent s’harmoniser par autorégulation spontanée... Le laisser-faire est une supercherie à tendance religieuse…

 

La volonté politique nécessaire pour nous sortir de là procède d’individus prêts à se démettre d’une partie de leur jouissance privée pour constituer, par pacte, un « moi commun »… Il est alors clair que le salut dépend en dernier ressort de chacun de nous.

 

Nous en sommes arrivés au début des conséquences ultimes et visibles du libéralisme débridé : un totalitarisme barbare et son projet transhumaniste de recréation de l’homme, dont l’auteur nous avait averti en 2007 (« projet insensé, fondé sur une folie rationnelle »…).

 

Il est d’une extrême urgence de sortir de la confusion et de la résignation et de développer le nécessaire discernement et courage dont nous avons tous besoin pour éviter le pire qui se profile actuellement.

 

 

 

Pour en savoir plus sur « Le Divin Marché »

de Dany-Robert Dufour

 

I - Quatrième de couverture

 

«Les vices privés font la fortune publique» : aujourd'hui banale, cette formule, énoncée pour la première fois en 1704 par Bernard de Mandeville, scandalisa l'Europe des Lumières. Pourtant, ce médecin, précurseur trop méconnu du libéralisme, ne faisait qu'énoncer la morale perverse qui, au-delà de l'Occident, régit aujourd'hui la planète. Elle est au cœur d'une nouvelle religion qui désormais règne sans partage, celle du marché : si les faiblesses individuelles contribuent aux richesses collectives, ne doit-on pas privilégier les intérêts égoïstes de chacun ? Dany-Robert Dufour poursuit dans cet ouvrage ses interrogations sur les évolutions radicales de notre société. À partir des «dix commandements» inquiétants qui sont au principe de la morale néolibérale aujourd'hui dominante, il analyse les ébranlements que celle-ci provoque dans tous les domaines : le rapport de chacun à soi et à l'autre, à l'école, au politique, à l'économie et à l'entreprise, au savoir, à la langue, à la Loi, à l'art, à l'inconscient, etc. Une véritable révolution culturelle est en cours. Jusqu’où nous mènera-t-elle ? »

 

Dany Robert Dufour, philosophe, professeur en sciences de l’éducation à l’université paris VIII, directeur de programme au Collège international de philosophie Auteur de nombreux ouvrages dont Folie et Démocratie (1996), L’Art de réduire les Têtes (2003), On achève bien les hommes (2005), etc.

 

II - Sommaire de cet ouvrage sous forme de décalogue et citations

 

Introduction

« Comme souvent, c’est alors que nous nous croyons libres, libérés, vivant dans une société aux accents résolument libéraux, que nous entrons dans une toute nouvelle forme d’aliénation. » (p. 12)

 

1 - Le rapport à soi : Tu te laisseras conduire par l’égoïsme !

Où l’on découvrira bientôt que ce 1er commandement est à double détente, de sorte qu’il devrait se prolonger ainsi : …et tu entreras gentiment dans le troupeau des consommateurs. (P. 21)

 

Individualisme, narcissisme ou égoïsme

« Un jour prochain, la branche sera sciée » (p.23)

L’égoïsme grégaire comme principe du troupeau postmoderne

« Nous voyons des ego, c’est-à-dire des gens qui se croient égaux et qui, en réalité, sont passés sous le contrôle de ce qu’il faut bien appeler ‘le troupeau’. » (p.26)

La famille virtuelle et la disponibilité des cerveaux : ‘Ne pensez pas ! Dépensez !

« Il faut bien commencer par une question : qu’est-ce qu’une famille aujourd’hui ? La réponse qui s’impose est…qu’on ne sait plus très bien. » (p.29)

 

Un stade du miroir télévisuel

« La vie dans un troupeau virtuel fonctionne à partir d’une sérialisation des individus exposés à des multiples possibilités de satisfaction de convoitises égoïstes, constamment excitées et relancées. Par sérialisation, j’entends exactement ce qu’entend Le Robert s’inspirant manifestement des analyses de Sartre, c’est-à-dire, ‘une perte du sentiment d’appartenance à une (ou à la) collectivité humaine, le surgissement d’une anomie conduisant les membres d’un groupe à vivre chacun pour soi et dans l’hostilité envers les autres’. » (p.53)

 

 

2- Le rapport à l’autre : Tu utiliseras l’autre comme un moyen pour parvenir à tes fins !

Où l’on remarquera que ce commandement est l’exacte contraire de la maxime kantienne : « Agis de façon telle que tu traites l’autre comme fin et jamais comme moyen » (p.60)

 

Deux différences : sexuelle et générationnelle

 « Des autres, pourtant, il y en avait encore, il y a peu. Il me souvient même d’avoir rencontré des gens absolument différents. » (p.61)

 

Sexe et genre

 « La notion de genre introduit une grande nouveauté : nous pourrions peut-être nous passer de la différence sexuelle. » (p.65)

 

Changer de genre et changer de sexe

 « Or, tout laisse à penser que c’est justement cette butée réelle que les postmodernes de la notion de genre cherchent à faire sauter. » (p.72)

 

L’autre, c’est moi

 « De même que la référence à la différence sexuelle s’estompe, la référence à la différence générationnelle fait de moins en moins sens pour les individus postmodernes. » (p.81)

 

 

3- Le rapport à l’Autre : Tu pourras vénérer toutes les idoles de ton choix pourvu que tu adores le dieu suprême, le Marché !

Où l’on soutiendra que l’invention  du marché par Adam Smith relève de la théologie. (p.91)

 

La postmodernité : sans dieu ou avec trop de dieux ?

 «Comment donc expliquer cette contradiction qui fait que plus l’homme sort de la religion, plus il a besoin de dieux (p.92)

 

L’amour de dieu

 « Précisons tout de suite ce qui fait la différence entre un petit sujet et un grand Sujet. Le premier procède des êtres contingents dont l’existence est ab alio, c’est-à-dire par autrui. Tandis que le second ressortit des êtres nécessaires, existant a se, en soi. » (p.95)

 

Une nouvelle Providence : le Marché ?

 « Le Marché ne connaît pas le passé ou l’avenir, il se déroule toujours au présent, il n’est qu’un pur espace d’échanges généralisés dans lesquels des flux se croisent, se connectent et se déconnectent : flux d’énergie, d’argent, de matières grises, de formes, d’images.» (p.107)

 

Une guerre de religion postmoderne !

 « Le Marché, ce dieu postmoderne appliqué à ne pas fournir de l’origine, est, pour cette raison même, capable de concentrer sur lui la haine des dieux qui échappent encore à son influence. » (p.111)

 

 

 

4 - Le rapport au transcendantal : Tu ne fabriqueras pas de « Kant-à-soi » visant à te soustraire à la mise en troupeau !

Où l’on verra comment l’équilibre instable des deux derniers siècles entre régulation et dérégulation ‘morales’ s’est récemment rompu en faveur de la seconde provoquant une double aliénation : à la religion et au marché. (p.115)

 

La sortie du religieux : la voie transcendantale

 « Si aujourd’hui on se croit libre, c’est parce qu’il y a eu ce long travail mené par les Lumières. » (p.119)

 

Le retour au religieux : laissez faire, c’est Dieu qui fait !

 « Peut-être est-il maintenant possible de mieux répondre à la question de savoir ce qui distingue la postmodernité de la modernité. » (p.138)

 

 

5 - Le rapport au politique : Tu combattras tout gouvernement et tu prôneras la bonne gouvernance ! (La société civile contre l’État)

Où l’on se demandera par quels mécanismes politiques et économiques on en est arrivé à une situation où, sur cette planète, trois cents individus possèdent ensemble un patrimoine égal à celui de trois milliards de leurs semblables.  

 

« S’il existe bien un indiscutable symptôme de la transformation du rapport au politique, c’est bien celui qui est fourni par l’abandon progressif du terme moderne de gouvernement au profit de celui, postmoderne, de gouvernance. » (p.141)

 

Corporate governance

 « Derrière cet usage flatteur, semblant procéder d’un approfondissement de la démocratie, il faut savoir que la notion de ‘gouvernance’ vient en droite ligne de l’expression anglo-américaine de corporate governance (gouvernement d’entreprise). » (p.142)

 

La très bonne gouvernance

 « L’intrusion de la gouvernance dans les affaires politiques s’effectue au cours des années 90. ». » (p.150)

 

La « société civile » contre l’État

 « La gouvernance est en train de tendre un redoutable piège à la démocratie : elle se présente comme un élargissement de la démocratie par une meilleure participation de la société civile, alors même qu’elle est en train de détruire le seul espace où les individus peuvent accéder à la démocratie : en devenant citoyens et en cessant d’être de simples représentants d’intérêts particuliers ».» (p.156)

 

 

6 - Le rapport au savoir : Tu offenseras tout maître en position de t’éduquer !

Où l’on remarquera que ce commandement s’adresse aux enseignés, mais qu’il peut utilement être complété par un autre à destination des enseignants : ‘tu formeras beaucoup d’étourdis, absolument fiers de l’être’ ». (p.163)

 

La doxa postmoderne : « l’école est une prison »

 « En fait, toute la philosophie postmoderne – qui s’est crue hautement révolutionnaire – s’est engouffré dans cette impasse. » (p.165)

 

Défense de la scholè

 « La véritable haine de la culture s’entend très nettement dans certains écrits philosophiques postmodernes : par exemple chez Barthes lorsque, de façon éminemment paradoxale , ce grand amoureux de la langue en vient à dénoncer le ‘fascisme de la langue’ qui ‘oblige à dire’. ». » (p.178)

 

 

7 - Le rapport à la langue : Tu ignoreras la grammaire et tu barbariseras le vocabulaire !

Où l’on découvrira comment, pourquoi, avec quelles complicités de « grands penseurs » s’est développée ces dernières décennies une véritable novlangue. (p.201)

 

De quel droit, mesdames et messieurs, parlez-vous de la langue ?

 « La langue est devenue un pur et simple ‘marché linguistique’ au sein duquel les ‘échanges linguistiques sont des rapports de pouvoir symboliques où s’actualisent les rapports de force entre locuteurs ou leurs groupes respectifs(Pierre Bourdieu). ». » (p.207)

 

De la novlangue – en ses six caractéristiques

 « Qu’on compare, parmi les films français, l’audibilité moyenne des films récents avec celle des films d’il y a une cinquantaine d’années ; on constatera qu’en dépit des progrès techniques dans l’enregistrement et la restitution sonore, on entend moins bien les dialogues des films actuels. » (p.219)

 

 

8 - Le rapport à la loi : Tu violeras les lois sans te faire prendre !

Où l’on montrera que certains rappeurs sont bien placés pour énoncer une grande loi d’aujourd’hui, ‘le crime paie’, et pourquoi le droit et la juridiction libérales contiennent la corruption » (p.248)

 

Le crime paie

 « Chanson remarquable.. » (p.61)

 

Extinction de la LEX au profit du décret, de la procédure et de la négociation

 « Il se pourrait bien qu’à l’occasion du passage à un libéralisme échevelé, la conception anglo-saxonne soit en train de prévaloir sur la conception romano-germano transcendantale. » (p.363)

 

 

9 - Le rapport à l’art : Tu enfonceras indéfiniment la porte déjà ouverte par Duchamp !

(Comédie de la fausse subversion)

Où l’on comprendra enfin ce qui distingue l’art moderne de l’art contemporain (p.282)

 

La « vraie » subversion

 « Était-ce beau la modernité ? Bien sûr, la modernité était belle. Mais elle pouvait aussi bien être plus belle que belle – c’est-à-dire sublime. Dans le beau, nous sommes simplement heureux. Dans le sublime, nous nous ne sommes pas heureux. Nous sommes transportés ailleurs. Ravis…. » (p.283)

 

La « comédie » de la subversion

 « Comme l’a dit Baudrillard , dans un retentissant article (« Le complot de l’art », Libération, 1996), sauf notables exceptions « l’art contemporain est nul ». » (p.290)

 

 

10- Le rapport à l’inconscient : Tu libéreras tes pulsions et tu chercheras une jouissance sans limite !

Où l’on se demandera si l’invention de la psychanalyse n’eut pas lieu deux siècles plus tôt qu’on ne le dit généralement, grâce à un certain Bernard de Mandeville » (p.298)

 

La transduction

 « Le signifiant est ce qui représente un sujet pour un autre signifiant. » (Lacan, cité en p. 301)

 

D’une lutte homérique entre deux grands psychanalystes : Mandeville et Freud

 « Bernard de Mandeville est l’auteur d’un traité des passions, le Traité des passions hypochondriaques et hystériques de 1730, écrit sous la forme d’un d’un dialogue entre un médecin et deux de ses patients. A noter que ces passions se rapportent à ce que nous nommons aujourd’hui des pulsions. » (p.305)

 

Fictions et fonction paternelle

 « Tout part donc de ce non du père. Encore faut-il que ce non, le père ne soit pas le seul à le soutenir ! » (p.314)

 

 

Conclusion 

« Arrivé au terme du voyage, l’auteur se trouve à l’heure des bilans, c’est-à-dire littéralement taraudé par quelques questions insistantes. Trois au moins : l’objectif de cet essai cherchant à faire voir ce qui menace aujourd’hui la Cité a-t-il été atteint ? Qu’a-t-on oublié Et après, que faire ? »

  


III – Un point de vue différent

 

« Une thèse séduisante mais une vision contestable du naturalisme et simplificatrice du libéralisme. Malgré ces substantielles critiques, la lecture de cet ouvrage original reste, à bien des égards, extrêmement stimulante. »

 

(Alain Policar, blog : https://www.nonfiction.fr/article-5688-impossible_emancipation_.htm)

 

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