31 janvier 2023

146. Retraites : l'homme qui mumurait à l'oeille des éditorialistes - André Bercoff - Closermahg - Juste Milieu - Mediapart

 

La victoire de l’irresponsabilité


 
Quand c’est Emmanuel Macron en personne
dicte à des journalistes et met Bercoff dans tous ses états

 

Des éditorialistes à la table de Macron pour avoir les éléments de langage sur la réforme des retraites.

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=NYxOl7blSAY

 

André Bercoff

Transcription de la vidéo de l’émission d’André Bercoff sur Sud Radio. Des éditorialistes à la table de Macron pour avoir les éléments de langage sur la réforme des retraites. Bercoff toujours aussi ironique et parlant avec ses bras, ses mains et ses mimiques invisibles à la radio mais visibles sur la vidéo.

 

« Macron veut réunir ses amis éditorialistes. Bien sûr qu’il a le droit, il est président de la république ! Comme tous les autres... On connaît les journalistes influents, les éditorialistes qui pèsent, hé bien on les invite à déjeuner. Où est le problème franchement ? Oui, vous dites tout de suite, connivence, etc. Les copains et les coquins. Non, non, le  président de la République a le droit de recevoir ses amis, en tout cas ses relations, à déjeuner.

 

Mais pour leur parler de quoi ? Qu’est-ce que c’est, ces éléments de langage.. ? La veille de la manifestation contre le projet de loi des retraites, Emmanuel  Macron a reçu  à l’Elysée un certain nombre d’éditorialistes. Voilà ce qu’en dit Eve Roger sur France 5, écoutez : (voix d’Eve Roger) ...

 

Eve Roger

« Une petite rencontre est organisée en secret, un déjeuner avec le président et 10 éditorialistes de la presse parisienne convoqués à peine 24 h avant. Une rencontre en toute discrétion. On y trouve Guillaume Tabard du Figaro, Dominique Seux des Echos, François Fressoz du Monde, Nathalie Saint-Cricq de France Télévision et d’autres. L’objectif de l’Elysée c’est qu’Emmanuel Macron distille la bonne parole et donne lui-même les éléments de langage aux 10 journalistes les plus influents de la presse parisienne afin que la parole présidentielle infuse dans l’opinion et l’influence.Mais il y a une condition de taille à ce déjeuner. Les journalistes ne doivent pas dire qu’ils ont vu E. Macron et donc ne peuvent pas le citer. Autre preuve de cette rencontre : les propos du président sont repris dans la plupart des médias. En voici quelques traces : sur le site de France Inter qui dégaine le premier, le soir même, dans un article, la phrase ‘Macron ne croit pas à la victoire de l’irresponsabilité’. Idem dans la Matinale du Monde où on retrouve cette même expression, également sur BFMTV  Benjamin Duhamel utilise un vocabulaire identique… »

 


Bercoff souligne: « un vocabulaire identique. Hé oui, il dit aussi Benjamin Duhamel : Macron ne croit pas du tout à un pays à feu et à sang, ni à la victoire de l’irresponsabilité. Écoutez,  franchement il n’y a pas de quoi fouetter un masochiste dans cette histoire ! Bon...il reçoit et donne des éléments de langage, mais les journalistes n’ont pas à suivre comme ça les  éléments de langage du président de la république. Mais si… Quand Emmanuel Macron a une belle formule : la victoire de l’irresponsabilité, pour désigner tous ceux qui sont contre ce projet de loi sur la retraite, eh  ben, ils ont le droit de la reprendre. Vous allez me dire mais comment, comment… est-ce que c’est le rôle d’un journaliste d’aller prendre ses consignes auprès du président de la république ? 

 

Mais il n’y a pas de consigne, ils sont entre convives et puis il leur suggère... il leur dit écoutez, voilà ce que je pense. Mais alors, je ne comprends pas... pourquoi ça doit rester secret ? Il devrait y avoir transparence comme on le demandait un peu plus tôt au Parlement Européen… On a le droit de savoir.

 

Et ce n’est pas grave, cher président, si vous avez reçu des journalistes ! Il faut le dire ! C’est intéressant ça, s’il dit aux journalistes ‘je vous dis ce que je pense mais vous ne m’avez pas vu, vous n’avez pas déjeuné avec moi et je vous suggère quelques mots, comme ça, notamment, la victoire de l’irresponsabilité. Que l’on retrouve partout ensuite. Est-ce à dire qu’il y a une doxa ? Une parole dominante ? Que des journalistes ou des éditorialistes redonnent ensuite ? Oui, oui, bien sûr, ils l’ont redonnée, mais c’est en toute conscience professionnelle.

 

Pourquoi aller imaginer des choses encore une fois ? Non, non , c’est très clair, le président a le droit légitimement de recevoir des éditorialistes et ces éditorialistes de journaux très influents ont le droit de reproduire in vivo, in texto, in authentico les paroles présidentielles...

 


Voilà ! Circulez, il n’y a rien à voir ! Pas de mauvais esprit, tout se passe bien, on se comprend, on se parle, on se coagule et on se congratule ! »

 

Ainsi se termine, accompagné de son sourire malin habituel, le commentaire de  Bercoff.

 

Dans Closer

 

Nous lisons également dans Closermag.fr (https://fr.yahoo.com/news/ruth-elkrief-tranchante-lavis-d%C3%A9capant-170751242.html) un petit entrefilet qui nous informe aussi du fait et qui cite également l’émission d’Eve Roger.

 

« Deux jours avant la manifestation du 19 janvier contre la réforme des retraites, Emmanuel Macron a invité en secret à l'Elysée une dizaine d'éditorialistes issus de médias influents à l'instar du Monde, des Echos ou du Figaro.

 

C'est un déjeuner qui n'a pas été du goût de tout le monde. Le 17 janvier, soit deux jours avant la manifestation prévue contre la réforme des retraites, Emmanuel Macron a invité en catimini plusieurs journalistes issus d'importants médias français à un dîner à l'Elysée. Mais alors que cette rencontre devait rester secrète, elle fait aujourd'hui polémique sur la Toile. "L'objectif de l'Élysée, c'est qu'Emmanuel Macron distille la bonne parole, donne lui-même les éléments de langage aux dix journalistes les plus influents de presse parisienneafin que la parole présidentielle infuse dans l'opinion. Et, pourquoi pas, l'influence", explique la journaliste Eve Roger dans l'émission C Médiatique. »

Edwy Plenel

De son côté, Edwy Plenel, de Mediapart, sur Twitter s’expime également :r

"Ce déjeuner confidentiel à l'Elysée des éditorialistes des médias, qui ont tous accepté de taire cette rencontre avec le président tout en reprenant ses éléments de langage, illustre ce 'journalisme de gouvernement' contre lequel nous avons créé Mediapart".

 

Rémy, de Juste Milieu, le 26 janvier réagit lui-aussi à sa façon :

 


 

« Quel est le point commun entre tous ces journalistes ?

Guillaume Tabard, rédacteur en chef du Figaro

Dominique Seux directeur délégué des Echos et éditorialiste sur France Inter

François Fressoz, éditorialiste au Monde

Nathalie Saint-Cricq de France Télévision

6 autres journalistes complètent la liste, dont les noms ne sont pas encore connus… », se demande-t-il dans sa lettre hebdomadaire.

« On parle de journalistes parmi les plus influents du pays, ceux que l’on retrouve dans les plus gros médias. », poursuit-il.

Rémy conclut :

« Tout s’est passé il y a quelques jours seulement.

Vous allez comprendre…

… et je sens que la raison ne va pas vous plaire !

Le plan était presque parfait…

Nous sommes le 17 janvier 2023.

Deux jours avant la mobilisation nationale contre la réforme des retraites.

Le service de communication de l’Elysée est en ébullition.


Les Français vont manifester en masse et…

… la moitié du gouvernement sera à Barcelone pour un sommet franco-espagnol !

Les médias doivent tenir le couvercle sur la marmite et tout faire pour calmer le jeu.

Emmanuel Macron a une idée : inviter nos fameux 10 journalistes à déjeuner.

Objectif : “distiller la bonne parole” et donner les “éléments de langage” aux 10 journalistes les plus influents de la “place parisienne”.

 

Et, dès le lendemain…

 


Vous avez dit propagande ?

 

Mais non, mais non, ce serait du complotisme, nos éditorialistes sont toujours libres de dire ce que dit le président…

 


Nota : Juste Milieu est à la fois une plate-forme d'information  sur YouTube qui publie hebdomadairement une chronique "La Farce Tranquille" sur l'actualité politique du moment, une lettre d'information gratuite sur abonnement et, également sur abonnement, payant, un mensuel "Juste Mensuel" : L'actualité... le mensonge en moins... https://juste-milieu.fr/

 




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